Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/277

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Toutes ces choses établies, de quel côté est venu le peuple primitif de ce pays ?

    confiées à un de nos compatriotes les plus au courant des mœurs de ces pays, un chirurgien de marine, qui exercera une double influence et par l’application de sa science chirurgicale et par ses relations diplomatiques. Une circonstance qu’il est bon de rappeler, c’est que le Cambodge est la seule contrée de l’extrême Occident où le christianisme ait toujours été toléré. L’évêque de ce vaste diocèse, Mgr Miche, assure qu’il n’a jamais eu à se plaindre de la conduite des mandarins, chefs de cantons.

    « Le roi, moins réservé pour le représentant de la France que S. M. Tu-Duc, a reçu plusieurs fois l’amiral et s’est entretenu à diverses reprises avec lui en termes qui témoigneraient de plus de sincérité que nous n’en rencontrons chez son voisin.

    « Ce souverain est installé et logé d’une manière qui rappelle assez exactement celle des grands rois nègres. Il n’a pas plus de vingt-cinq à vingt-six ans, offre le type de la race jaune, avec une expression de vive intelligence.

    « Le groupe de maisons qui composent sa résidence, je n’ose dire son palais, est bâti sur pilotis, usage général dans le Cambodge. Le toit est couvert en paille, sauf quelques annexes couvertes d’ardoises, par un luxe royal ici. Ce monarque a plus de femmes que d’années ; il n’en a pas moins de quarante, mais il n’a qu’un petit nombre d’enfants.

    « La polygamie, dont le prince n’est pas le seul à user, est une des causes principales et fatales du chiffre restreint de la population sur un territoire aussi étendu et aussi favorisé par la nature.

    « Un navire de guerre français surveille la capitale et les États du Cambodge.

    « L’amiral La Grandière a visité avec un extrême intérêt et aussi en détail que possible les mines de la province d’Ongkor. Elles sont au-dessus de l’idée que l’on avait pu s’en faire, et de beaucoup supérieures à tout ce qu’on peut voir en Europe. Elles se trouvent à quinze milles du grand lac Touli, au milieu d’une forêt dont les arbres se font remarquer par leur élévation et par la régularité merveilleuse de leurs tiges. Le gisement en exploitation, irrégulier d’ailleurs, a neuf lieues de tour. Ces mines appartiennent au royaume de Siam, dont nous sommes devenus les voisins depuis notre installation dans la basse Cochinchine. »