Aller au contenu

Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Est-ce de l’Inde, ce berceau de la civilisation, ou de la Chine ?

La langue du Cambodgien actuel ne diffère pas de celle du Cambodgien d’autrefois ou du Khmerdom, comme on désigne dans le pays le peuple qui vit retiré au pied des montagnes et sur les plateaux ; et cette langue diffère trop de celle du Céleste Empire pour qu’on puisse s’arrêter à la dernière supposition.

On ne peut même pas admettre que le même flot qui porta une population à la Chine se soit étendu jusqu’ici. Mais que ce peuple primitif soit venu du nord ou de l’occident, par mer en suivant les côtes et en remontant les fleuves, ou par terre en descendant ces derniers, il semble qu’il y a dû avoir, bien avant notre ère, d’autres courants successifs, et, entre autres, ceux qui ont introduit dans le grand royaume de Khmer le bouddhisme, et qui y ont continué avec succès la propagande civilisatrice. Il semblerait qu’ensuite un nouveau courant aurait amené un peuple barbare, comme dans ces derniers siècles sont venus les Siamois, lequel aurait refoulé bien avant dans l’intérieur les premiers occupants, et se serait acharné sur la plupart de leurs monuments.

En tous cas, nous croyons que l’on peut sans exagération évaluer à plus de deux mille ans l’âge des plus vieux édifices d’Ongkor la Grande, et à peu près à deux mille celui des plus récents.

L’état de vétusté et de dégradation de plusieurs d’entre eux ferait plutôt supposer plus que moins, si, pour le plus grand nombre, qui paraissent être des temples, mais qui n’en étaient peut-être pas, on