Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/323

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« Ne regardez pas les femmes ;

« Ne pensez à elles ni éveillé ni endormi ;

« Ne leur adressez pas la parole en particulier ;

« Ne recevez d’elles aucune offrande de la main à la main ;

« Ne touchez pas à une écharpe de femme, ou même de petite fille au berceau ;

« Ne vous asseyez pas sur une natte de femme ;

« N’entrez pas dans une barque qui aurait servi à une femme, etc., etc. »

C’est certainement parmi cette moitié du genre humain que les talapoins trouvent le plus solide appui de leur institution.

Dans les familles pauvres, c’est la femme, ou la fille, qui, tous les matins, assise respectueusement devant la porte du logis, distribue l’aumône aux frères quêteurs de la pagode voisine, et glisse discrètement dans leur marmite, toujours béante, le meilleur morceau qu’elle a pu dîmer sur le modeste ordinaire des siens. Trois ou quatre fois par mois, en outre, sous prétexte de porter des fleurs à l’idole de ladite pagode, elles vont déposer des présents aux pieds de ses prêtres, et encourager pendant de longues heures par d’incessants satu ! satu ! (bravo ! bravo !) les récits inintelligibles, ou profondément soporifiques, de l’officiant du jour.

Dans les familles riches, les maîtresses de maisons : tiennent à honneur d’offrir à leurs amis et connaissances une prédication de même que parmi nous elles donneraient un bal ou un concert ; et en ces occasions, leur vanité de fortune ou de position se donne un libre cours dans le choix et dans l’étalage