Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/344

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sibles et hospitaliers qui seraient bien affliges, et encore plus épouvantés si jamais leurs échos répétaient un jour de sinistres bruits de guerre, s’ils voyaient luire au loin des baïonnettes européennes, ou s’ils entendaient tonner des canons rayés. Quant aux habitations royales, je ne pus y atteindre. Tout l’espace au-delà d’une zone de cinquante pas comprise entre la montagne et les bords du fleuve n’est encore qu’un marécage, et tous les étroits sentiers sont obstrués par des broussailles et de hautes herbes qui ont eu le temps de croître pendant les six ou huit mois écoulés depuis la dernière visite du roi.

Ne pouvant trouver une seule cabane habitable, nous nous mîmes en devoir d’abattre des bambous pour nous en construire une ; ce qui ne fut pas long, plusieurs hommes du hameau s’étant joints à nous, et c’est dans cette hutte ouverte à tous les vents que nous nous sommes installés.

Dans l’intervalle, j’appris qu’un éléphant blanc venait d’être pris dans le Laos et qu’il était en route pour Bangkok sous la garde d’un mandarin.

Cette grande nouvelle a été apportée ici par un messager, chargé par le vice-roi de Kôrat de faire préparer la route et les étapes pour la bête sacrée. M’étant trouvé chez le premier magistrat de Khao-Khoc au moment de l’arrivée dudit messager, je me suis empressé de reporter sur mon journal les principaux détails de cette entrevue et du dialogue qui s’ensuivit, dans l’espoir qu’ils auront au moins, pour mes lecteurs, si j’en ai jamais, le piquant de la nouveauté.

La scène se passe dans le prétoire de la localité, dans ce qu’en France on appellerait l’hôtel de la pré-