Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/345

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fecture. Pauvre prétoire qui ne diffère guère de la plupart des huttes cambodgiennes et dans la construction complète desquelles, pilotis, charpente, cloisons, plancher et toiture, gros et petit mobilier compris, il n’entre d’autres matériaux que ceux que peut fournir un pied de graminée, — gigantesque il est vrai, — une touffe de bambou.

Sur le plancher vacillant de cette espèce de cage, le mandarin, les jambes croisées à la façon d’un tailleur, occupe une estrade de dix à quinze pouces de hauteur et roule dans la bouche, d’un air grave, quelques pincées de bétel ; devant lui, plutôt étendu que prosterné, le messager, fonctionnaire de l’ordre des nai-mouets ou sergents de police, fait son rapport, tandis que, sur les degrés de l’échelle qui donne accès à la salle d’audience, des volailles indiscrètes se perchent et caquètent, et que des tonquins, à l’abdomen distendu, se vautrent et grognent dans la vase chargée d’immondices du sous-sol de cette demeure officielle.

Le message débité et ouï, le mandarin se lève avec transport, dépose sa chique, joint les mains et s’écrie : « Heureux événement ! Avez-vous, ô Nai-Mouet ! été favorisé de la vue du saint éléphant ?

Le messager. — Illustre seigneur, que n’en est-il ainsi ! Mais je ne le connais que par la proclamation de l’auguste Chao-Phaja de Kôrat, dont je reçois les ordres, moi cheveu. L’auguste Chao-Phaja s’est transporté jusqu’à Pimaie pour vérifier si la chose était telle que l’annonçait le roi de Louang-Prabang, et à son retour il a déclaré avoir reconnu un élé-