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conducteurs. Au-delà de ce mont, le terrain redevient sablonneux et la végétation plus maigre. Nous campons de nouveau sur les bords de la petite rivière de Kôrat, à trois cents mètres d’un village décoré du nom de chef-lieu de district.

La dernière chaîne que nous venons de traverser se déroule alors à une lieue de nous comme un sombre rempart, surmonté des dômes et des crêtes de la première. Nos conducteurs sont tous des Laotiens des environs de Kôrat ; leur vieux chef est plein d’égards et d’attentions pour moi ; tous les soirs, il prépare ma place pour la nuit, aplanit la terre, coupe des branches et les recouvre d’un petit toit de feuilles pour me préserver de la rosée. La vie de ces braves gens est dure ; tous les jours et par toutes les saisons ils piétinent le sol de ces affreux sentiers, ayant à peine le temps, matin et soir, d’avaler quelques boulettes de riz gluant, et passant la plupart de leurs nuits, avec très-peu de sommeil, tourmentés par les fourmis blanches et tenus en alerte par les voleurs.

Tous les jours, nous croisions une ou deux caravanes de quatre-vingts à cent bœufs, transportant des peaux de daim, de cerf, de panthère, beaucoup de soie écrue, venant du Laos oriental, des langoutis de coton et de soie, des queues de paon, de l’ivoire, des dents d’éléphant, du sucre, mais ce dernier produit en petite quantité.

Les quatre jours suivants, le terrain conservait le même aspect. Nous traversâmes plusieurs villages considérables, dont un, Sikiéou, nourrit un troupeau de plus de six cents bœufs appartenant au roi. Nous