Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/378

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divers endroits, mais les éléphants et les bœufs, les premiers surtout, s’y frayent facilement un passage. À deux ou trois reprises seulement, je fus obligé de descendre de cheval : car j’ai acheté un de ces animaux à Kôrat, comptant bien m’en servir pendant une grande partie de mes voyages futurs.

La végétation est belle, sans être épaisse ; peu d’arbres aux fortes proportions ; ils sont en général d’un diamètre de un ou deux pieds, et souvent d’une hauteur de vingt-cinq, trente et même quarante mètres ; parmi eux, on remarque beaucoup d’arbres à résine. Sous leur ombre, les daims sont en grande quantité ainsi que les tigres ; dans la montagne, il y a beaucoup d’éléphants et de rhinocéros. Nous trouvâmes d’immenses couches de grès, et en maints endroits, de petits monuments insignifiants, faits en brique, et contenant des idoles en pierre taillée. Pendant la route, une de mes caisses s’est détachée par les secousses de l’éléphant ; elle fut brisée, et toute la charge, consistant en instruments et en des flacons d’esprit-de-vin contenant des serpents et des poissons, eut le même sort.

Poukiéau est un village moins considérable encore que Tchaïapoune. Nous trouvâmes un bon homme dans le gouverneur de cet endroit ; la veille de notre arrivée, il revenait de Kôrat, où il avait été informé de mon passage dans son district. Il me fit bonne réception. La pauvreté et la misère règnent ici : nous ne trouvâmes pas un poisson à acheter, pas un pot de graisse, rien que du riz gluant. Aussi, dès que mon pauvre Phraï sera sur pied, je me remettrai en route.