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V

Jeux et spectacles.

Comme toutes les populations serviles, celle de Siam donne une bonne part de son existence, la meilleure devrais-je dire, aux jeux et aux divertissements. Le jeu sous toutes ses formes est, immédiatement après le pain quotidien, dont, au reste, elle n’a souci que quand elle a faim, sa préoccupation dominante. Il lui faut des amusements, des hochets, pour toutes les heures et pour tous les âges. Aux enfants, du matin au soir, le palet, la cligne-musette, le saute-mouton, les barres, le colin-maillard, la toupie et bien d’autres inventions que nos marmots croient marquées du cachet européen. Aux hommes faits, le tric-trac, les échecs, les dés, les cartes chinoises, et même le cerf-volant, réservé chez nous à l’enfance. Le joueur apportera à ces combinaisons de l’adresse ou du hasard un entrain si passionné qu’il exposera en enjeu ou en pari tout son avoir, et qu’ayant tout perdu il jouera jusqu’à son langouti, ce pauvre caleçon, seul voile de sa nudité !