Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/64

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La passion des Siamois pour les combats de coqs est encore plus forte ; aussi, malgré les défenses du roi et l’amende décrétée contre les délinquants, ces combats se renouvellent journellement. Dès qu’un, spectacle de ce genre est annoncé, la foule y court et prend part aux paris avec tant d’empressement qu’il en résulte toujours des disputes et des rixes entre les spectateurs ; de sorte que la lutte qui a commencé par des coups de bec et des plumes arrachées, finit par des coups de poing et des yeux pochés.

Le gouvernement, qui cherche à interdire les combats de coqs aux parents, permet aux enfants les combats de fourmis-lions, de grillons, de sauterelles, et même de deux espèces de petits poissons querelleurs et rageurs, qui se livrent des assauts acharnés au grand plaisir de la marmaille ; en ceci, comme en beaucoup d’autres choses, le gouvernement semble peu logique ; mais que voulez-vous ? il cède à cette considération suprême des gouvernements despotiques : il faut que le peuple s’amuse ! Les combats de buffles et d’éléphants sont très-goûtés de ce bon peuple, mais coûtent beaucoup ; on ne peut les lui offrir que rarement, de même que les grandes régates et les joutes sur l’eau. Heureusement, pour remplir les entr’actes de ces représentations extraordinaires, on peut compter sur les grandes funérailles, qui ont toujours pour intermèdes obligés la lutte, le pugilat, les danses sur la corde, les feux d’artifice, les marionnettes, les ombres chinoises et la comédie en plein vent.

De tous les amusements que l’on jette en pâture au peuple siamois, celui-ci est le plus de son