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Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/131

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L’EMPIRE DE L’AIR.

dant son vol est plus lent, plus rectiligne que celui de ces deux mangeurs de mouches. À cause des deux longs brins qui ornent sa queue il fait peu de crochets ; il cueille l’insecte à toute vitesse sans jamais se retourner.

Ces oiseaux se posent cependant quelquefois : quand ils sont près de leurs nids, c’est sur les grandes herbes qu’ils aiment à se percher ; quand ils sont en voyage, ils choisissent certains arbres sur lesquels ils se groupent en quantité assez considérable pour transformer, comme aspect, un arbre mort en un arbre très feuillé : chaque individu simulant alors, à s’y méprendre, une feuille, dont il a la couleur. — C’est sur ces agglomérations que se font les grands coups de fusil des Nemrod novices. — Comme chair il est à peine mangeable ; on ne le met à la casserole que dans les pays où il n’y a pas de gibier. En tous cas, son plumage vert métallique fait son malheur, car il lui vaut beaucoup de coups de fusil, qui n’ont d’autre but que celui de pouvoir le contempler de près.

Je n’ai rencontré ses nids, en grand nombre, que dans les Bararis, pays inculte et noyé, qui sépare les terres cultivées dela Basse-Égypte des grands lacs Burlos, Manzaleh, Edko. — Le voyageur qui fait son tour d’Égypte, qui voit le Caire, visite les antiquités du Saïd et traverse le delta en chemin de fer, part avec la conviction d’avoir bien vu la vieille terre des Pharaons, ou au moins d’avoir une idée bien exacte de tous ses aspects. Cependant, un des grands côtés de ce pays lui a échappé ; il est une contrée très vaste dont il ne soupçonne pas l’existence : ce sont les Bararis, immenses steppes noyées, allant en latitude d’un