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GRAND-DUC.

qu’une brillante réputation de férocité, lui disputerait sa proie certainement avec succès s’ils se trouvaient tous deux sur le même territoire de chasse.

Examinons donc encore mieux cet oiseau, nous sommes en face d’un être considérable.

Sa charpente osseuse est robuste, ses plumes sont comme celles de tous les oiseaux nocturnes, c’est-à-dire d’une douceur de velours ; mais ce duvet si doux recouvre des muscles d’un autre ordre d’action que ceux de l’aigle : ils ont moins de longueur, sont plus brefs et plus rigides dans leurs contractions ; les bras de levier sont plus longs.

Le vol est une merveille : il est excessivement compliqué. Il plane très bien, quoique rarement ; il rame comme un pigeon, et a par-dessus tout le talent de s’arrêter brusquement au plus fort de sa vitesse et de prendre une autre direction, pour pouvoir éviter les chocs qui lui arriveraient à chaque instant contre les troncs d’arbres.

Ce vol est absolument silencieux. On voit passer ces énormes bêtes sous le feuillage sans entendre le moindre murmure. Ce silence est obtenu par la conformation de ses plumes qui ne sont pas construites comme celles des oiseaux de jour. Chez lui, le choc des canons entre eux est garanti par un duvet excessivement-moelleux.

On ne les voit haut en l’air que quelquefois à l’aurore, au printemps ; ils tournent alors très haut, par paire ; puis, quand le jour devient trop fort, ils redescendent rapidement dans leurs antres ténébreux où ils restent blottis jusqu’au coucher du soleil.

J’ai assisté un soir au départ de deux grands-ducs. J’étais monté avec un jeune guide à une caverne très