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Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/163

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L’EMPIRE DE L’AIR.

élevée ; nous avions au-dessous de nous les forêts de sapins. Le jour était sur son déclin. Nous nous étions abrités derrière une forte assise de pierre qui nous cachait parfaitement, et là nous attendîmes.

Cinq minutes après le coucher du soleil un grand-duc se trouva, comme par enchantement, posé sur un rocher en face de la caverne. Nous ne l’avions ni vu ni entendu venir. Quelques instants après, un second oiseau apparut plus grand et plus gros que le premier ; c’était la femelle, elle était énorme ; sa taille était au moins de 80 centimètres. Ils tournèrent lentement de côté et d’autre leurs faces cornues ; puis, l’un d’eux jeta aux échos de la vallée trois notes puissantes, mais harmonieuses à la façon de la mélodie des chats-huants.

Cette voix est étrange et impressionne fortement. Peu après le mâle descendit à un ruisseau qui coulait des glaciers ; la femelle le suivit ; ils burent, se baignèrent légèrement la figure, puis remontèrent sur le rocher où ils étaient primitivement. — Là ils s’essuyèrent, lissèrent leurs plumes, et se mirent à danser.

On m’avait annoncé ce spectacle dans des termes tellement excessifs que je n’y avais pas cru ; mais je vis là la scène la plus grotesque qu’on puisse imaginer :

Qu’on se figure deux énormes bêtes, peu élégantes, sautant en l’air alternativement comme des marionnettes, faisant claquer leurs becs en guise d’accompagnement.

À cette vue un fou rire me prit ; le berger me posa la main sur le bras pour m’engager au silence. — Je regardai les oiseaux, ils n’y étaient plus, le rocher