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Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/26

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DE L’OBSERVATION.

ment ; et cela, la membrane collée sur l’œil, comme elle l’est dans l’oiseau, chaude, vivante, et n’ayant pas encore eu le temps de changer d’état.

Puis, nous pouvons assurer n’avoir jamais vu fixer le soleil à un aigle superbe que nous avons gardé de nombreuses années. Ce qui a pu faire naître cette idée, c’est probablement la pose curieuse qu’ils prennent lorsqu’ils font sécher leurs plumes après s’être baignés. En les regardant attentivement, on remarque qu’ils ne fixent rien, mais qu’ils sont dans une espèce d’extase causée par le réchauffement. Au reste beaucoup d’oiseaux en font autant, les corbeaux, les vautours, etc.

Buffon est le père et le maître de ce genre d’observations faites avec des lunettes prismatiques. Depuis, son école a été suivie, et on en a énoncé de bien curieuses.

Prenons entre mille quelques-unes de ces assertions erronées.

L’observateur humouristique, le charmant peintre des animaux, Toussenel, attribue le ronflement que produit un faucon, qui du haut des airs plonge sur sa proie, à la dilatation de l’air dans les organes de l’oiseau. Une balle, un boulet ronflent aussi : ne serait-il pas plus simple d’attribuer les mêmes effets aux mêmes causes. Puis, nous ferons remarquer que ce phénomène produit par un oiseau beaucoup plus gros amène une explication complémentaire. Si, au lieu d’écouter tomber un épervier, on écoute le bruit produit par le grand aigle, le bruit change, se perçoit mieux, l’oreille s’explique sa nature, et comprend qu’il est composé pour une bonne part du flassaiement violent des pennes des ailes les unes contre les autres ; leur