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L’EMPIRE DE L’AIR.

élasticité leur faisant faire l’office de languette.

Dans un grand article sur le vol des oiseaux, M. Quatrefages a dû faire des erreurs d’observation. Nous citons cette relation, quoique déjà assez ancienne [1], pour montrer ce que l’analyse peut permettre d’assurer.

Parlant d’une tourmente en Biscaye, il dit avoir vu des aigles de mer, aux couleurs roussâtres, etc…, volant dans ces grands courants d’air. Il doit s’être glissé une erreur, probablement dans la spécification de l’oiseau, car, si la tempête était forte, les pygargues et les balbuzards étaient perchés, ainsi que tous les voiliers, dont aucun ne peut tenir le large par les grands vents. Il avait assurément d’autres oiseaux sous les yeux.

Si cet éminent savant avait pu voir le spectacle qu’il nous fut permis d’étudier, il serait persuadé de cette vérité : Sur la côte d’Algérie, au bord de la mer, par un siroco effroyable, un grand aigle bouleversé par le vent était entraîné au large. La malheureuse bête était-elle roulée, mise sens dessus dessous ! Ses ailes étaient littéralement fermées. Au moindre développement de surface, c’étaient des bonds prodigieux dans l’espace : cent mètres de hauteur étaient franchis en cinq secondes. Il y eut là une lutte d’un quart d’heure, émouvante au suprême degré. Que de mouvements, que de détours, quelle activité déployait ce puissant animal dans cette lutte contre la tempête ; et pendant ce temps les procellarias et les goélands, tout à fait il leur aise, complètement dans leur élément, chassaient sur les vagues en fureur avec une aisance indescriptible.

  1. Bulletin de la Société d’acclimatation, Décembre 1869.