Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/111

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de même, en ces jours d’abstinence, à moitié chemin de ce voyage de douleurs et de travaux, les saints Pères ont planté la croix vivifiante, qui donne rafraîchissement et repos, qui rend légers et courageux ceux qui se sentaient appesantis de lassitude. C’est ainsi qu’à la venue d’un souverain, on porte au-devant de lui les étendards et le sceptre, après quoi lui-même se montre triomphant pour la victoire qu’il a remportée, et tous ses sujets se réjouissent conjointement avec lui ; de même notre Seigneur Jésus-Christ, voulant manifester la victoire remportée sur la mort et apparaître avec gloire au jour de sa résurrection, s’est fait précéder de son sceptre royal, sa croix vivifiante, dont l’aspect nous pénètre de joie et de douceur ; de la sorte, nous sommes aussi disposés que possible à recevoir le roi lui-même, et à faire éclater nos louanges à l’honneur du solennel vainqueur. Il se fait précéder de la croix au milieu des semaines de la sainte Quadragésime, parce que ce temps d’abstinence peut être assimilé à un fleuve d’amertume, de tristesse et de contrition. Comme jadis le divin Moïse en plongeant un morceau de bois dans une source d’eau amère la transforma en une eau douce, ainsi Dieu maintenant, après nous avoir fait traverser en esprit la mer Rouge pour échapper à Pharaon, adoucit par l’arbre vivifiant de la sainte croix l’amertume de l’abstinence pendant la Quadragésime, et nous console dans le désert, jusqu’à ce que par sa résurrection il nous amène mystiquement à Jérusalem. La croix n’est-elle pas en effet l’arbre de vie ?