Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/67

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sacrifice a été consommé, qui va être portée en triomphe. » Dans ce moment solennel, le flambeau qui apparaît à la porte septentrionale du sanctuaire, annonce aux fidèles que leur Roi s’approche sous l’humble aspect d’une victime, portée sur la tête du prêtre, que précède le diacre en répandant la fumée de l’encens sur son passage ; tous se prosternent la face contre terre devant l’impénétrable mystère, comme jadis Isaïe se prosterna devant la gloire éblouissante de celui qui est porté sur les chérubins : un silence de sainte frayeur s’établit soudain dans toute l’église ; à peine au-dessus de ces têtes courbées dans la poussière, le bruit léger des pas lents et mesurés des trois desservants et le balancement de l’encensoir, se font-ils entendre sur les gradins qui entourent le sanctuaire : de temps à autre la procession suspend sa marche imposante, et ce silence majestueux n’est troublé que par l’encensoir qui monte et retombe lentement, envoyant sa fumée odoriférante au saint des saints ! Dans ce moment solennel où tout cet appareil pénètre d’une sainte terreur l’âme toute émue, nous sentons qu’en effet « les puissances célestes officient conjointement avec nous » ! — Le chœur des chantres qui s’est relevé fait retentir au-dessus des fidèles encore prosternés ces saints accents : « Approchons-nous avec amour et foi, pour avoir part à la vie éternelle. Alleluia ! »

Tous se lèvent, la sainte hostie a déjà été déposée sur l’autel, pour être donnée en nourriture aux fidèles préparés à ce festin par les prières du diacre, qui