Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/77

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elle pénètre dans la connaissance intime du lien qui joint le ciel et la terre, auparavant désunis d’une manière si tranchante ; elle réconcilie la vie avec la mort, si irréconciliables en apparence ; elle retrace la carrière de souffrance de l’Homme-Dieu, cette carrière qui ne peut avoir d’autre mesure que l’éternité, et se résume toutefois miraculeusement en un petit nombre de jours écoulés sur terre ; enfin elle nous transporte de la désolation du vieil Adam au sépulcre du nouvel Adam en nous amenant à la lumineuse et éclatante fête du Christ ressuscité.

Toute la sainte Quadragésime est modelée pour sa durée sur des exemples tirés de l’Écriture sainte ; ainsi Moïse jeûna quarante jours sur le mont Sinaï où la loi lui fut donnée ; le prophète Élie jeûna quarante jours sur l’Horeb, où il entendit la voix du Seigneur « dans un léger souffle de vent qui succéda au tonnerre et à la tempête » ; Notre-Seigneur lui-même jeûna quarante jours lorsqu’il fut tenté sur la montagne, avant d’entreprendre sa divine mission. Ce temps d’abstinence forme, pour ainsi dire, la dîme de l’année que toute âme, aspirant au salut, doit prendre sur le nombre de ses jours pour en faire une offrande au Seigneur. Vous m’objecterez peut-être que les sept semaines du grand carême renferment plus de quarante jours, et vous voudrez savoir quand le carême commence et finit. Or, il faut que vous sachiez, que depuis le temps des apôtres, l’Église ne fait point une loi rigoureuse de l’abstinence pour