Page:Mourguet - Le Déménagement de Guignol, 1876.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vautour. — Voilà cinq termes que vous habitez un appartement dans ma maison.

Guignol. — Cinq termes, comme le temps passe… et combien donc que je vous dois ?

Vautour. — Cinq termes à 50 francs font 250 francs.

Guignol. — 250 francs ; mais je ne vous ai donc jamais rien donné ?

Vautour. — Jamais rien.

Guignol. — Et ben alors, vaut pas la peine que je commence.

Vautour. — C’est comme cela, je vais vous montrer que j’ai du caractère, je vais commencer par faire vendre votre mobilier en gros sur la place publique.

Guignol. — Vendre mes meubles en gros, il y a longtemps qu’sont vendus en détail.

Vautour. — Ta ! ta ! ta ! ta ! fadaise que tout cela, je sais que vous avez un très-joli mobilier.

Guignol. — Pipa Vautour, quand zun lacataire ne veut pas payasse de loyer y faut pas qu’il ai de morbilier.

Vautour. — Je connais votre lit à bateau.

Guignol. — Mon lit n’a bateau. J’ai voulu aller à la foire de Beaucaire avec, en remontant y s’est engravé à Vernaison près des moulins.

Vautour. — Plus de lit ?

Guignol. — Plus de lit ?

Vautour. — Et votre commode ?

Guignol. — Ma commode était z’incommode, elle avait huit pieds de large, je m’suis dit en la faisant couper en deux, ce sera ben plus commode, ça m’en fera deux, je la porte chez un m’nuisier rue du Bœuf six mois après je vais pour la charcher, la maison et l’m’nuisier tout avait dem’nagé.

Vautour. — Pristi ! La maison aussi.

Guignol. — Tenez, c’est comme notre pauvre vieille rue Borchaning, y a la belle Cordière que la mouché.

Vautour. — Elle a changé de nom.

Guignol. — Et c’te pauvé place Guernouille, y a c’te gourmande de Quatre-Chapeaux qui l’a avalé.

Vautour. — Tout çà ne me regarde pas : et votre table à bascule ?

Guignol. — Ma table a bascule y a le père Gnafron l’année