Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 1.djvu/119

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GASPARD.

À tout à l’heure, Monsieur !

JÉRÔME.

Vous vous hâtez peut-être un peu. Je ne vous ai pas encore tout dit. Jérôme avait, comme je vous l’ai annoncé, gagné à la Martinique une fortune de plusieurs millions ; mais il ne l’a plus. Le vaisseau qui l’amenait en France a fait naufrage ; il a eu grand peine à se sauver, & tout ce qu’il possédait a été englouti. Il a pu venir jusqu’ici, mais il est à peu près sans ressources.

GASPARD.

Ah ! peste ! (À la cantonnade.) Lafleur ! François ! attendez ; n’attelez pas ! mon frère n’arrive pas encore ! (À Jérôme.) Je vous fais compliment, Monsieur ; vous contez fort bien. Vous savez donner à vos narrations un intérêt, un charme saisissant ; mais je vous ai compris. Jérôme revient misérable comme il a toujours vécu. Il a appris que j’ai acquis par mon travail quelque fortune, & il vous envoie en éclaireur pour savoir ce qu’il pourra tirer de moi. Hé bien ! dites-lui que je ne veux pas le recevoir, que j’ai déjà assez d’autres membres de ma famille qui me font rougir, sans qu’il vienne ici étaler le spectacle de son inconduite… Je lui ferai passer quelque argent, une fois pour toutes… pourvu qu’il quitte la ville… Surtout, qu’il ne se présente pas chez moi… S’il vient, je le ferai jeter à la porte.