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le portrait de l’oncle

GUILLAUME.

C’est toi qui le soutiens mal. Tu es si maladroit !

GUIGNOL.

Te ne l’es pas, toi ?… Fais donc tes embarras !

DURAND.

La paix ! La paix, mes enfants ! je ne veux pas que vous vous disputiez. Je suis très-content de vos soins à tous deux… Approchez-moi de cette terrasse… Comme ce soleil m’échauffe & me ranime ! Il me fait oublier mes quatre-vingt-trois ans, mon catarrhe, mes rhumatismes, &c…&c… Hélas ! mes chers neveux, on n’a pas comme moi fait de longs voyages & amassé à la sueur de son front une petite fortune, sans amasser en même temps bien des infirmités.

GUIGNOL.

Laissez donc, mon oncle, vous êtes vigoret comme un grillon.

DURAND.

Non, non, mon ami ; j’ai passé une mauvaise nuit… Mais je ne sais pourquoi ce matin je me sens jeune… & je me souviens que lorsque j’étais en Prusse, je rencontrai un de mes amis qui avait le même âge que moi… Tenez, c’est le peintre qui a fait mon portrait, celui qui est dans ma salle à manger.