Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 1.djvu/215

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Mme BONNESAUCE.

Oui, Monsieur, restauratrice. Je tiens un restaurant fort bien achalandé à Vernaison, à l’enseigne du Chavasson d’argent… Aujourd’hui je suis dans tous mes embarras. J’ai une fort jolie noce, quatre-vingt-dix couverts… Ils m’ont recommandé de leur faire manger du veau, & je veux en acheter un entier pour le leur faire servir à toutes les sauces… On m’a dit que vous en aviez un à vendre… Nous pouvons faire affaire ensemble, si vous êtes raisonnable.

GUIGNOL, à part.

(À part.) Bon ! je l’ai déjà vendu à deux… Mais au fait, si elle m’en donnait plus que les autres !… Il paraît que le veau est très-recherché aujourd’hui… (Haut.) Mais, tout de même, Madame : si vous voulez me suivre, je vais vous faire voir l’animal. (Ils entrent chez Guignol : on entend la vache & sa sonnette.) Prenez garde au gaillot[1] ; & surtout ne mettez pas le pied dans ma marmite.

Mme BONNESAUCE, dans l’intérieur.

(Poussant un cri) Ah ! qu’est-ce que je vois là… Chassez donc ce gros chat rouge ; il me fait peur.

GUIGNOL, de même.

Mais, Madame, c’est mon veau.

  1. Gaillot ; bourbier, flaque d’eau.