Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 1.djvu/95

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tes ! C’est un petit peu joli, & j’ai envie d’aller boire bouteille avec le père Gnafron, pour célébrer c’te fortune… Mais il y a un petit inconvénient, c’est qu’il faut un cautionnement de cinq cents francs en entrant en place, & je n’ai pas le moindre rond… N’y a que mon frère Gaspard qui puisse me les prêter. Il est notaire, & les pécuniaux[1] lui manquent pas… Mais voudra-t-il ? Il est si méchant ! Il dit que je lui fais z’honte, & il m’a défendu de mettre les pieds chez lui… Il m’a même donné trois cents francs pour ne plus porter son nom. Je m’appelais Coq, & à présent je m’appelle plus que Guignol ; c’était le nom qu’on me donnait quand j’étais petit. Ça m’a bien chiffonné de changer de nom comme ça, mais y a fallu en passer par là… Voudra-t-il m’écouter à présent ?… Ah bah ! puisqu’y m’a donné trois cents francs pour ne plus porter son nom, il m’en donnera p’t-être bien cinq cents quand y saura que je vais quitter la ville pour être maître bottier dans un régiment… Allons, ganache ; un peu de courage, saperlotte !… Chapotons[2] chez lui. (Il frappe.)


Scène II.

GUIGNOL, GASPARD.
GASPARD.

Que me veut-on ? Ah ! c’est vous, Monsieur Guignol ? Je vous avais pourtant défendu de vous présenter devant moi.

  1. Les pécuniaux : le numéraire : pecunia.
  2. Chapoter : frapper.