Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 2.djvu/212

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être avertie que peu de temps avant cette union… Vous serez mariés sans vous être jamais vus, sans vous être parlé jamais.

LÉONCE.

C’est quelque monstre. Je ne consentirai pas à un pareil hymen.

LE MARQUIS.

Voulez-vous, Léonce, que votre père soit félon à sa parole ? Des raisons de famille rendent ce mariage nécessaire. Il faut qu’un de Sénanges épouse une de Hautepierre. Je suis certain de votre bonheur ; le comte n’a que cette fille & une fortune de seize millions. Mais il doit vous suffire de savoir que votre refus n’est pas possible. Voulez-vous que notre nom soit déshonoré ?

LÉONCE.

Songez-y, mon père… une jeune fille que je n’ai jamais vue, que vous ne connaissez pas davantage, dont personne n’a vu le visage, dont le caractère est également inconnu !… Est-il raisonnable que je m’engage à passer ma vie avec elle ? Puis-je promettre de la rendre heureuse ?

LE MARQUIS.

Il faut que cela soit, Léonce. Si vous refusez de dégager ma parole, je ne vous tiens plus pour mon fils, je vous chasse du château & ne vous revois de ma vie…