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imminent... ; en s’adressant à un candidat unique, le pape aurait diminué d’autant les chances qu’il avait d’arriver à une solution favorable ».

Nous pensons, au contraire, qu’en agissant ainsi le pape diminua ses chances de succès ; car alors, pas plus qu’aujourd’hui, les secrets de la diplomatie n’étaient impénétrables. Le véritable motif qui fit agir Innocent IV fut le désir de traiter avec celui des deux princes qui demanderait le moins d’argent, et qui se reconnaîtrait le plus sûrement son homme lige. N’ayant réussi ni avec l’un ni avec l’autre, quoique les pourparlers avec Charles d’Anjou eussent été poussés assez loin, il envoya Albert de Parme auprès du roi d’Angleterre pour lui présenter la même proposition en faveur de son fils Edmond, âgé de neuf ans. Le roi, au dire de Mathieu Paris, l’accepta avec une joie et un empressement enfantins. Après diverses négociations entre Innocent et Henri, représentés parle cardinal Otton, l’archevêque de Lyon, l’évêque d’Héreford, Thomas et Pierre de Savoie, Jean Mansel, prieur de Beverley et Pierre Cacheporc, chanoine poitevin, le pape donna à Edmond le royaume de Sicile avec les terres qui vont du Phare aux domaines de l’Église. L’accord est constaté par un protocole du notaire apostolique Albert, donné à Vindocin (?) le 14 mars 1254 (ou 1253 d’après le style pascal) ; il est confirmé par des bulles papales données à Assises le 14 mai (1).

(1) WURTEMBERGER, IV, n" 357, 361.