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Parmi tous ces décès, le plus important fut celui du roi d’Angleterre, Henri III, qui mourut le 2 avril 1272, à l'âge de soixante-quatre ans et après en avoir régné cinquante-cinq. Il était, dit le moine Rishanger, de moyenne taille, le corps trapu, robuste et fort. Sa dévotion était ardente, chaque jour il entendait trois messes avec le plainchant. Comme Saint-Louis lui disait qu’il n’était pas toujours indispensable d’assister aux messes, mais qu’il fallait entendre les sermons le plus fréquemment possible, il lui répondit : « J’aime « mieux voir mon ami que d’entendre parler de « lui, dût-on me tenir d’excellents discours (1). »

Henri entrait parfois dans des colères épouvantables dont Mathieu Paris semble avoir été le témoin (2). La colère, du reste, lui donnait de l’esprit. Un jour que les évêques lui refusaient leurs subsides pour son pèlerinage en Terre-Sainte et l’adjuraient de corriger les abus auquels il se laissait aller, il leur répondit qu’il se corrigerait et leur demandait d’être ses coadjuteurs dans cette réforme :

" Vous vous souvenez que c’est moi qui ai élevé à une si haute dignité l'archevêque de Cantorbéry, Boniface que voici, et toi aussi, Guillaume, évêque de Salis-

(1) Mathieu Paris, IX, p. 179, 180.

(2) Id. VII, p. 354. «... Le roi eut un accès de colère plus violent encore et jura horriblement, en ridant son nez, que jamais tant qu’il respirerait un souffle de vie, il ne se soumettrait à une pareille servitude ».