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donner son oncle Guillaume pour successeur. Le couvent de Winchester, à qui appartenait la postulation, élut d’abord Guillaume de Raie ; mais le roi cassa l’élection. Les moines donnèrent alors leurs voix au chancelier Raoul de Nevil évêque de Chichester. Henri III annula encore l'élection et demanda au pape une bulle de nomination en faveur de Guillaume. Grégoire IX saisit avec empressement, dit M. Chevalier (1), l’occasion de plaire au roi et à l'élu de Valence. Il y avait d’ailleurs un puissant intérêt personnel, celui de détacher Guillaume du service de l’empereur et de le mettre à la tête de ses troupes. Mais deux évêchés ne suffisaient pas au prince de Savoie. Il lui fallut encore celui de Liège, qui formait une principauté riche et puissante. Guillaume, aidé de son frère Thomas (2), voulut faire casser l’élection faite par les chanoines le 23 juin 1238, d’Otton, prévôt de Trêves, protégé de l’empereur. Dans ce but, il se rendit à Rome, où le pape le proclama solennellement évêque de Liège, tout en lui laissant les évêchés de Valence et de Winchester. C’est ce qui fit dire à Mathieu Paris, « qu’il en avait fait un monstre spirituel et comme une bête à plusieurs têtes.

(1) Ouvrage cité, p. 31.

(2) La crainte que Thomas inspirait aux armées ennemies était grande. À propos de cette guerre pour l’évêché de Liège, Meyer, Annales, fol. 73 v*, dit : « tanta Thomas fratriportamt auxilia, ut ad primum adventus sui nuntium perterritos hostes in fugam verterit ».