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Page:Mugnier - Les Savoyards en Angleterre au XIIIe siècle et Pierre d’Aigueblanche évêque d’Héreford.djvu/74

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nat de Savoie (1), à deux petites lieues Est de Chambéry. Mathieu Paris rappelle cet événement ; il se demande s’il est naturel ou miraculeux. Et, réfléchissant au grand nombre des personnes englouties, il se décide pour le miracle. À cette occasion, il fait de nos compatriotes d’il y a six siècles et demi, un portrait qui n’est pas flatté : « MaiS, comme environ neuf mille hommes y furent écrasés, avec un nombre incalculable d’animaux, il parait probable que la chose arriva plutôt miraculeusement que par hasard. En effet, on disait que la sévérité de la vengeance divine s’était exercée avec justice contre les habitants de ces bourgades, parce que, souillés de désordres ignominieux, ils avaient exercé avec indifférence et impudence le honteux commerce des usures et, pour que l’apparence de la vertu palliât le vice, n’avaient pas rougi de s’appeler eux-mêmes insidieusement marchands de deniers. Ils s’inquiétaient peu de commettre des simonies, ne craignaient pas de faire sans merci le métier de voleurs et de brigands, et ne se faisaient pas faute d’égorger ou d’empoisonner les écoliers et les marchands forcés de se rendre à la cour romaine après avoir reçu l’hospitalité chez eux, ignorant que plus la vengeance divine est tardive, plus elle s’exerce avec rigueur, au témoignage du

(1) En décembre 1247, le doyen était G. Bonivard. (Gui-CHENON, IV, p. 67.)