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Madame de Warens

La tristesse des habitants de Vevey passa à la fureur ; ils voulaient, à quelque prix que ce fût, ravoir celle qui faisait l’objet de leurs regrets, et dans leurs premiers transports, ils ne parlaient de rien moins que de l’enlever à main armée au milieu de la cour et de brûler Évian... Pour prévenir le désordre, Sa Majesté fit partir sur-le-champ madame de Warens ; il lui donna sa litière avec quarante de ses gardes qui lui servirent d’escorte et la conduisirent à Annecy.

Dans son Mémoire, après s’être moqué des craintes d’enlèvement manifestées sur la rive gauche du Léman, le mari ajoute que « suivant ce qu’on lui rapporta, sa femme partit d’Évian le 7 août de bon matin. Elle traversa toute la ville à pied, conduite par deux gentilshommes de la suite de Sa Majesté. A la porte d’Allinges, elle monta en carrosse avec une demoiselle d’Évian que j’ai vue près d’elle à Annecy, pour lui tenir compagnie ; huit gardes du roi escortaient le carrosse ».

Si l’on s’en tient au récit d’un témoin oculaire, M. de Gonzié qui écrivait, il est vrai, cinquante ans après l’événement, la fuite fut encore plus modeste :

On la fit partir avant jour dans la litière du roi, sous l’escorte de quatre des gardes du corps qui la