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d’Hazaël, de Jéhu, de Saül, de David.

Au moment où Pie VII venait de bénir la couronne, Napoléon la prend et se la pose sur la tête. C’est encore lui qui couronne l’Impératrice ; ces formalités avaient pour but d’éloigner l’idée qu’il avait été couronné par le Saint-Père.

Le 14 janvier 1805, Napoléon s’adressa directement au roi d’Angleterre, pour, l’engager à entamer des négociations pour la conclusion de la paix : « … Je n’attache pas de déshonneur à faire le premier pas. J’ai assez, je pense, prouvé au monde que je ne redoute aucune des chances de la guerre. La paix est le vœu de mon cœur… Je conjure Votre Majesté de donner elle-même la paix au monde. » Le ministre anglais écrivit que Sa Majesté ne pouvait répondre directement à l’ouverture qui lui était faite avant de s’être concertée avec les puissances du continent.

Le 18 mars de la même année, Napoléon apprend au sénat qu’il accepte la couronne d’Italie, que les peuples de la république cisalpine viennent de lui offrir.

Un traité est signé le 8 avril à Pétersbourg, entre l’Angleterre et la Russie, l’Autriche, la Suède, Naples ; la Sardaigne entre dans cette coalition. Il est convenu qu’on réunira une armée de 500.000 hommes, outre les secours que fournira l’Angleterre. L’Autriche s’engage à ne poser les armes que du consentement de ses alliés ; elle reçoit de l’Angleterre un subside de 75 millions pour la présente année 1805 ; il lui est promis 100 millions pour chacune des années suivantes.

À ces nouvelles, les troupes du camp de Boulogne se mettent en mouvement vers le Rhin. Les Russes, de leur côté, arrivent en Gallicie. Le général autrichien Mack, enfermé dans Ulm, est forcé de capituler ; il se rend prisonnier avec une garnison de 30.000 hommes, 3.000 chevaux, 60 canons attelés. Les mouvements de Napoléon sont si bien concertés, si rapides, que l’ennemi perd 50.000 prisonniers en moins de quinze jours.

Enfin le 2 décembre 1805, les trois Empereurs se rencontrent avec leurs troupes auprès du village d’Austerlitz, à deux lieues de Brunn, en Moravie. L’armée russe compte 70.000 combattants ; le contingent autrichien est de 25.000 hommes, l’armée française n’excède pas 80.000 soldats. L’artillerie est formidable des deux côtés ; les alliés sont supérieurs en cavalerie.

Le général russe Kutusoff voulait gagner du temps pour attendre l’arrivée d’un troisième renfort qui n’était plus qu’à huit journées de marche ; mais les manœuvres de Napoléon le forcèrent, malgré lui, à accepter le combat, et afin de l’attirer sur un terrain dont il connaît tous les avantages, il fait replier son avant-garde, et affecte de se fortifier. Ce stratagème, habilement conduit, trompe le général russe, qui croit follement que l’empereur des Français craint sérieusement d’en venir aux mains.

L’action s’engage au lever du soleil et se prolonge jusqu’à la nuit. La victoire fut complète. La perte des Russes, en tués, noyés dans un lac dont la glace se brisa, ou en prisonniers et blessés, se monte à 35.000 hommes. Ils perdirent 15 généraux faits prisonniers ou tués sur le champ de bataille. Kutusoff reçut plusieurs blessures, et il abandonna 150 canons, 40 drapeaux. On assure qu’il ne tenait qu’à Napoléon de se rendre maître de la personne d’Alexandre et de l’empereur François, mais que, content de les avoir vaincus, il leur laissa la liberté de s’échapper.

L’empereur d’Allemagne se rend au bivouac de Napoléon, bivouac de bottes de pailles. Le monarque victorieux le fait approcher de son feu et lui dit : « Je vous reçois dans le seul palais que