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rejoindre l’armée d’Espagne, prit part au combat de Betanzos, à la bataille de la Corogne et à la défense de Tuy, qu’il conserva avec une poignée d’hommes recrutés dans les hôpitaux. Un ordre du jour fit connaître à l’armée qu’elle devait au colonel d’Aboville la conservation de 1,200 malades, du grand parc et de tous les équipages.

Lors de la seconde évacuation du Portugal, il détruisit le pont d’Oporto et fit sauter lui-même, au moment où l’ennemi allait s’en emparer, le parc général et tous les bagages de l’armée.

Général de brigade le 4 mai 1809, il reçut une dotation de 4,000 francs de rente en Westphalie. Son nom se mêle glorieusement aux souvenirs du combat de Santo-Domingo, de la bataille de Talaveyra et du siége de Cadix, pendant lequel il s’empara du fort de Matagorda.

Commandant de la Légion d’honneur le 20 juin 1810, il remplaça, à la tête de l’artillerie du siége de Cadix, le général Senarmont, tué d’un coup de feu qui atteignit aussi d’Aboville. A la bataille de Chiclana, d’Aboville arrêta une division anglaise qui allait s’emparer d’une position et de quatre pièces sans attelage. Au siége de Tarifa, une brèche praticable se montrait à l’ardeur des colonnes d’attaque, lorsque des torrents de pluie inondèrent les tranchées et interrompirent les communications entre la première parallèle et le corps de la place : après des tentatives inutiles pour sauver l’artillerie de la batterie de brèche abandonnée par l’infanterie, le général d’Aboville y rentra précipitamment avec quelques officiers et parvint à mettre hors de service les pièces et les affûts.

Il fut créé général de l’Empire le 20 février 1812, et directeur général de l’artillerie des armées d’Espagne et de Portugal le 24 janvier 1813.

A la fatale journée de Viltoria, il vit avec douleur tomber entre les mains de l’ennemi un parc d’artillerie considérable que son zèle avait conservé à l’armée, 69 canons de bronze furent les seules pièces qui échappèrent aux désastres de cette bataille.

Rentré en France, il fit mettre en état de défense les places fortes situées sur le Rhin et la Meuse et celles du département du Nord, et prit le commandement supérieur de l’artillerie à Lille. Le général d’Aboville faisait partie de la députation du Nord qui alla recevoir Louis XVIII à Calais. Le roi lui dit avec bonté : « Je sais que Monsieur votre père a combattu à Fontenoy et à Lansfeld : c’était un brave ! bon chien chasse de race. Cette expression populaire rend bien ma pensée, et je suis persuadé, général, que vous ne la prendrez pas en mauvaise part. »

M. d’Abovillle reprit à cette époque les fonctions de commissaire près la régie générale des poudres qu’il avait déjà exercées, fut nommé chevalier de Saint-Louis, et, le 1er décembre 1817, succéda à son père dans les titres de comte et de pair de France.

Appelé le 30 mars 1820 au comité spécial et consultatif de l’artillerie, il mourut en activité le 15 août suivant.

Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe, côté nord.

ABOVILLE (AUGUSTIN-MARIE, baron d’)

frère du précédent, naquit le 20 avril 1776, à La Fère (Aisne), élève sous-lieutenant à l’école d’artillerie, le 12 mars 1792, il en sortit le 1er septembre suivant avec le grade de lieutenant au 7e régiment d’artillerie. Après la campagne de 1792 à l’an II à l’armée d’Italie, il obtint le grade de capitaine ; suspendu de ses fonctions comme noble et réintégré le 5 frimaire an III, il servit aux armées de Rhin-et-Moselle et d’Italie, de l’an VI à l’an IX.