Aller au contenu

Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui fit don de son portrait comme un témoignage de satisfaction de la conduite pleine de mesure qu’il avait tenue pendant son séjour dans la capitale de la Prusse.

Appelé à Varsovie pour y organiser la 32e division de la grande armée, il franchit bientôt le Bug, opéra sa réunion avec le 7e corps et se porta avec Schwart-zemberg sur la Bérésina.

Ce fut lui qui, au pont de Wolkowisk, soutint glorieusement pendant toute la nuit les attaques réitérées des colonnes ennemies, fortes de 33,000 hommes. Arrivé sur le Bug, après la désastreuse retraité de Moscou, le général Durutte s’arrêta à Varsovie pour ranimer le moral des troupes affaissé par nos désastres.

L’affreuse épidémie qui régnait en Pologne l’ayant obligé de quitter ce royaume, il se dirigea sur Kalisch, où il contint le corps d’armée de Winzenge-rode, sauva une division saxonne, et assura la retraite du 7e corps. Quand il pénétra dans Glogau, il n’avait rien perdu de son artillerie. Le 9 mars 1813, il parvint à recueillir un corps de Bavarois qui le suivit dans une retraite de quarante lieues qu’il fit de l’Elbe à la Sala. Cette retraite fit le plus grand-honneur à ses talents militaires.

Arrivé à Iéna le 1" avril, le général Durutte rejoignit le prince Eugène dans le Hartz, prit position avec les 3,000 hommes qui lui restaient, à Elbrengade, où ses troupes furent bientôt renforcées par 6,000 recrues et une division saxonne. A la bataille de Lutzen, il concourut à la diversion décisive faite par le prince Eugène, combattit avec sa valeur accoutumée dans les champs de Bautzen, et reçut l’ordre d’aller camper sur les frontières de la Saxe et de la Bohême.

Ce fut à cette époque que Napoléon lui conféra le titre de comte de l’Empire. Aussitôt que les hostilités eurent recommencé, sa division résista avec succès, â Wistoch, à la cavalerie ennemie. L’échec qu’il éprouva à la bataille de Dennevitz, livrée le 6 septembre 1813, ne l’empêcha pas de soutenir seul à Leipzig, au moment où il venait d’être abandonné par les Saxons, les efforts réunis de l’armée suédoise et du corps de Winzenge-rode. Après avoir sauvé à Freygbourg la presque totalité de l’artillerie de l’armée, Durutte arriva sous les murs de Hague-nau le jour même où les Prussiens venaient d’attaquer le maréchal Marmont. Quand ces deux généraux se furent repliés sur Metz, en 1814, Durutte défendit vaillamment cette ville contre 40,000 alliés qui la cernaient. Il entretint, malgré des forces aussi importantes, des communications libres entre Luxembourg, Thionville, Sarrelouis, Sarre-bruck, Bitch, etc. S’il avait été secondé par quelques-uns des chefs sous ses ordres, nul doute qu’il n’eût pris en flanc, comme il en avait conçu le projet, l’armée ennemie qui couvrait les plaines de la Champagne.

Le bruit ayant couru à cette époque que Metz s’était rendu, Napoléon demanda vivement à l’un de ses aides-de-camp : « Qui commande dans cette ville ? — C’est Durutte, lui fut-il répondu. — Je n’ai jamais fait de bien à cet homme-là : Metz est toujours à nous. » En effet, les troupes étrangères n’y pénétrèrent pas.

Dès que le général Durutte eut reconnu le gouvernement de Louis XVIII, ce souverain le confirma, dans son commandement de la 3e division, le créa chevalier de Saint-Louis le 27 juin, puis grand officier de la Légion-d’Honneur le 23 août de la même année. Le maire de Metz se rendit ensuite à la tête du corps municipal, accompagné d’un nombreux cortège