Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/526

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en outre la croix de Saint-Louis. Dans une audience qu’il obtint du roi le 17 juin 1814, il eut avec ce monarque une conversation qui mérite de devenir historique : « Je vois avec grand plaisir, lui dit le roi, un aussi bon général, un homme aussi recommandable, quoique vous ayez refusé de me servir dans une conjoncture importante, et que vous ayez même désobéi à votre général en chef. » Férino témoignant toute la surprise que lui causait un pareil reproche, le roi s’empressa d’ajouter : « Vous rappelez-vous, général, l’ordre qui vous fut donné à ***, par M***, aide-de-camp de Moreau, de faire faire à votre division un mouvement en avant des Autrichiens ? vous refusâtes de l’exécuter. — Oui, Sire ; mais cet ordre m’était donné de vive voix et me paraissait d’ailleurs tout à fait contraire aux premières règles de l’art militaire. Je répondis à l’aide-de-camp que je n’effectuerais pas le mouvement à moins d’un ordre formel de la main même de Moreau.— Son aide-de-camp revint auprès de vous, reprit Louis XVIII, avec l’injonction formelle de prendre les positions prescrites, et vous refusâtes d’obéir.— Cela est vrai, Sire, et j’admire à quel point Votre Majesté connaît et se rappelle des détails aussi particuliers ; mais le général Moreau ne voulut jamais donner cet ordre par écrit, et dans la position qu’il m’était enjoint de prendre, le sort de la division,que je commandais était compromis à tel point que je regardai comme un devoir de ne pas obtempérer ; car un général qui eût été d’accord avec les Autrichiens pour nie faire battre, ne m’eût pas prescrit d’autres mesures. — Vous avez deviné, dit Louis XVIII, j’étais d’accord avec Moreau ; il était à moi depuis l’an IV. »

Férino mourut à Paris le 28 juin 1816. Son nom est gravé sur l’arc de triomphe de l’Etoile, côté Est.

FËRNIG (LOUIS-JOSEPH de)

né en 1735 d’une famille noble d’Alsace, fit avec distinction les campagnes du Hanovre (1755-1762), et quitta le service pour se livrer aux lettres. Ce fut à Mortagne, où il demeurait, que se tirèrent les premiers coups de fusil entre les Français et les Autrichiens. Fernig y avait été nommé, en 1789, commandantde la garde nationale. Lors de la formation du camp de Maulde, Dumouriez le nomma capitaine-commandant les Guides. Fernig combattit à Valmy, à Jemmapes et à Nerwinde. Il suivit Dumouriez dans sa fuite, rentra en France en 1802 et mourut en 1816.

FERNIG (JEAN-LOUIS-JOSEPH-CESAR, fils du précédent, comte de)

né le 12 août 1772, à Mortagne (Nord), était lieutenant-colonel lorsqu’en 92 il passa à l’ennemi avec Dumouriez. Il servit en Danemark, rentra en 1798, et fit, comme volontaire à l’état - major de l’armée du Rhin, les campagnes des années VI, VII, VIII. Chef de bataillon à l’armée des Grisons, il obtint sa radiation de la liste des émigrés. Nommé lieutenant-colonel, il commanda en Zélande, en Espagne, et, en 1811, à la grande armée, il fit, comme adjudant-commandant et sous-, chef d’élat-major de Berthier, la campa^ gne de Russie. Pendant la retraite, il fit partie de l’Escadron sacré. En Pologne, il servit sous Eugène avec les mêmes fonctions, et rendit de grands services à Lut’/.en en enfonçant la réserve des alliés. Il fut promu, le U juin 1813, au grade de général de brigade.

Les Bourbons le mirent d’abord en disponibilité et lui confièrent ensuite une brigade à la campagne d’Espagne de 1823 et le titre de gouverneur de Barcelone. Rentré en France après dix-huit mois d’une sage administration, il parcourut toute l’Europe, de 1826 à 1828, et les notes qu’il recueillit rendirent de grands