Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LAF

LA FAYETTE (MARIE-PAUL-ROCH-YVES-GILBERT-NOTIER, marquis de)

né en 1757 au château de Chavagnac, en Auvergne. A seize ans, il épousa mademoiselle de Noailles, fille du duc d’A-gen, et partit en 1777 sur un navire qu’il avait frété lui-même pour aller combattre dans les rangs des Américains. Revêtu du grade de major-général dans l’armée des Êtats-Uuis, il fut blessé près de Philadelphie et contribua puissamment à la défaite de l’armée anglaise et à la capitulation d’York-Town (octobre 1781).

De retour en France, il fut appelé en 1787 à la première assemblée des notables, s’y prononça pour la suppression des lettres de cachet et des prisons d’État, et fit la motion expresse (mot prononcé pour la première fois) de la convocation de la nation représentée par ses mandataires. La Fayette fit partie des États généraux comme député de là noblesse d’Auvergne. II appuya la motion de Mirabeau sur l’éloignement des troupes, et fit décréter par l’Assemblée une déclaration des droits de l’homme, la responsabilité des ministres, l’établissement d’une gardé civique, et il en fut élu commandant.

Son premier acte comme commandant de la garde nationale fut de faire démolit-la Bastille (16 juillet). Le 26, il présenta à l’Assemblée la cocarde tricolore : « Cette cocarde, dit-il, fera le tour du monde. » Le 26, il sauva à Versailles la famille royale, et la ramena à Paris où vint s’établir aussi l’Assemblée constituante. — II demanda le jury anglais, les droits civils des hommes de couleur, la suppression des ordres monastiques, l’abolition de la noblesse héréditaire, l’égalité des citoyens, et proclama cette pensée imprudente, dangereuse, à l’usage des révolutionnaires de tous les pays qui lui ont accordé une application élastique, que

l’insurrection est le plus saint des devoirs, lorsque l’oppression et la servitude rendent une révolution nécessaire.

Il fonda le club des Feuillants pour servir de contre-poids au club des Jacobins. Il se joignit à Bailly pour empêcher la réunion des patriotes au Champ de Mars pour signer la pétition relative au pouvoir royal ; mais il ne put réussir. Là loi martiale fut proclamée, le sang coula, et cette journée valut à Bailly l’échafaud à quelque temps de là, et à La Fayette la perte de sa popularité et de son commandement. Il donna sa démission le 8 octobre 1791 et se retira dans ses terres.

Chargé du commandement de l’une des trois armées lors de la première coalition, il rétablit la discipline, imagina le système des tirailleurs, organisa l’artillerie légère, battit l’ennemi à Philippe-ville, à Maùbeuge, à Florennes. Il allait se porter de Metz sur Namur ; mais il apprit à Dinan la défaite des deux corps de Dillon et de Biron, et se hâta d’opérer sa retraite. Le 16 juin 1792, La Fayette écrivit de son camp de Maùbeuge à l’Assemblée une lettre dans laquelle il demandait la suppression des Jacobins. Cette lettre fut mal reçue de la majorité. Il en apprit le mauvais effet en même temps que la journée du 20 juin. Il quitta aussitôt son armée, et le 28 il était à la barre de l’Assemblée, demandant au nom de son armée la destruction d’une secte qui envahissait la souveraineté, et dont les atroces projets étaient connus. Guadet fit échouer les efforts du général. Il voulut alors remuer la garde nationale qui ne répondit pas, quitta Paris pour rejoindre son armée et fut brûlé en effigie dans les rues de Paris.

La Fayette entra alors dans une voie nouvelle ; il gagna à ses projets le vieux Luckner et fit proposer à Louis XVI de

LAF

( 139 )