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LAF


le conduire au milieu des armées françaises. Si les moyens proposés par les deux généraux ne réussissaient pas, il était déterminé à marcher sur Paris.

Mais la cour qui craignait de se donner un maître et comptait sur les alliés, refusa.

Bientôt arriva le 10 août. La Fayette fut destitué et décrété d’accusation. Il voulut alors passer en pays neutre, tomba dans un poste autrichien, fut conduit à Luxembourg, puis transféré à Wezel.. Là il tomba malade, et on lui promit d’adoucir sa captivité s’il voulait donner des plans contre la France. Ayant répondu avec mépris à cette proposition, il fut jeté sur une charrette et transféré à Magdebourg où il resta un an dans un souterrain humide, puis enfin fut jeté dans les cachots d’Olmutz en Moravie où il subit toutes les tortures pendant cinq ans. Ce fut Napoléon qui exigea sa liberté comme une des conditions de la paix de Campo-Formio (19 septembre 1797). La Fayette alla s’établir à Utrecht.

Après le l8 brumaire, il partit pour Paris. Il obtint pour son fils un grade dans l’armée et pour lui le titre de membre du conseil général de la Haute-Loire, avec le maximum de la pension de retraite de son grade. II vola contre le Consulat à vie et contre l’Empire, et vécut retiré à son château de Lagrange, en Brie. — En 1814, Louis XVIII et le comte d’Artois lui firent bon accueil. — Député en 1818, il fit à Napoléon une guerre aveugle, acharnée, au moment où il ne devait voir en lui que le seul homme capable de sauver la France de la honte d’une seconde invasion. Cette conduite est une tache ineffaçable. —r Député de nouveau en 1818, il siégea à l’extrême-gauche, rentra forcément dans la vie privée en 1824, partit pour les États-Unis, et son voyage de juillet 1824 à septembre 1825 ne fut qu’une continuelle ovation. A son départ pour l’Europe, le congrès lui offrit 200,000 dollars et de magnifiques terres dans l’Union.

Il fut encore député en 1827. A la publication des ordonnances de Juillet, il accourut de Lagrange à Paris, fut adopté comme un drapeau par les chefs de l’insurrection, et élu commandant de la garde nationale. Le 31, il reçut une lettre de Charles X qui lui faisait les plus séduisantes propositions. Par défiance ou par conviction, il refusa, et répondit : II n’est plus temps. Le même jour, il reçut à l’Hôtel-de-Ville le duc d’Orléans (Louis-Philippe), le présenta au peuple et formula ainsi le nouveau programme : Un trône populaire entouré d’institutions républicaines. Le 4 décembre, la Chambre des Députés adopta une loi qui supprimait le titre de commandant de toutes les gardes nationales de la France. La Fayette donna immédiatement sa démission. Peu à peu il subit, ainsi que ses amis politiques, la loi qui veut que tout ce qui procède de la violence n’ait pas de durée. Cet homme, qui avait défait un roi et en avait fait un autre, se retrouva membre toujours mécontent de l’extrême opposition à la Chambre des Députés.

Il signa le compte-rendu de 1832 et mourut le 19 mai 1834 des suites de la fatigue qu’il avait éprouvée en suivant à pied le convoi du député Dulong.

Il nous reste à faire connaître l’opinion de Napoléon sur La Fayette.

« La Fayette était un niais ; il n’était nullement taillé pour le haut rôle qu’il avait voulu jouer. Sa bonhomie politique devait le rendre constamment dupe des hommes et des choses.

a Son insurrection des Chambres, au retour de Waterloo, avait tout perdu. Qui avait donc pu lui persuader que je n’arrivais que pour les dissoudre, moi qui n’avais de salut à espérer que par elles ?