Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

194 )

LAW


II montra, pendant la durée des débats, autant ’de calme que de dignité, réfuta avec noblesse ries charges invoquées contre lui par le ministère public, et lorsque le président de la cour prononça l’arrêt de mort, il se tourna vers Tripier, son avocat, et lui dit : a Que voulez-vous, mon ami, -c’est un coup de canon qui m’a frappé. » Puis, en se retirant, il salua les nombreux employés delà poste appelés comme témoins contre lui.

Un mois après, les journaux annoncèrent le rejet de son pourvoi en cassation, et le bruit se répandit que le recours en grâce formé par madame de Lavallette avait été repoussé.

En effet, le 21 décembre, l’échafaud devait être dressé, et une nouvelle victime des réactions politiques allait être immolée : la veille de ce jour, une chaise à porteur s’avançait lentement vers la Conciergerie, elle renfermait une femme en pleurs, et, près d’elle, marchait une jeune fille soutenue par une vieille domestique. Ces femmes furent introduites dans la cellule du condamné, et là, on n’entendit que sanglots et gémissements ; puis ces trois femmes, dont Tune paraissait accablée de douleur, sortirent, tra-versèrentle greffe, franchirent une grille, puis une autre, accompagnées du concierge. Celui-ci, en rentrant, entendant quelque bruit dans la cellule qu’elles venaient de quitter, y pénètre, et. au lieu d’y trouver celui qu’il devait le lendemain livrer au bourreau, il reconnut M™’ de Lavallette. « Ah ! Madame, s’écria-t-il, vous m’avez perdu ! » II se précipite alors dans la rue suivi des gardiens ; mais ses recherches furent infructueuses, et pendant ce temps, La-valletle, guidé par un ami, se rendait à l’hôtel du ministre des affaires étrangères, où, jusqu’au 20 janvier, il demeura caché. On sait que ce fut au dévouement de trois Anglais, Robert Wilson, Bruce,

Hutchinson,, qu’il parvint à sortir de France, qu’il se retira en Bavière auprès du prince Eugène, et qu’il vivait en France en 1822 ; on sait aussi que M"8 de Lavallette perdit pour toujours la raison.

Louis XVIII disait de cette femme justement célèbre, que, dans les circonstances dont nous venons de parler, elle seule avait fait son devoir.

Lavallette, mort à Paris le 15 février 1830, vivait depuis son retour dans la plus profonde retraite. Il a laissé des Mémoires fort intéressants.

LAW (JACQUES-ALEXANDRE-BERNARD)

marquis de Lauriston, naquit à Pondi-chéry le 1er février 1768. Il était le 3e des six fils de Law de Lauriston, comte de Tancarville, brigadier d’infanterie, commandant alors les troupes françaises dans l’Inde. Ce comte de Tancarville, d’une famille d’Ecosse très-ancienne, l’aîné des deux neveux du célèbre financier Jean Law, avait obtenu d’abord la faveur de la cour par la protection de la duchesse de Bourbon. Jacques-Alexandre-Bernard, amené en France, fit ses études au collège des Grassins.

Quand Napoléon arriva à l’École militaire, le 19 octobre 1784, il ne se lia d’abord qu’avec Lauriston et Dupont. Lauriston y était entré le 1er septembre ; il en sortit le let septembre 1785, avec’ le grade de lieutenant en second au régiment de Toul. Capitaine en second en. août 1791, il devint aide-de-camp du général Beauvoir en 1792, fit cette campagne jusqu’à l’an IV aux armées du Nord, de la Moselle et de Sambre-et-Meuse. Il fut mis à l’ordre du jour de l’armée au siège de Maastricht, se distingua au siège de Valenciennes, et fut nommé en l’an III chef de brigade du 4e régiment d’artillerie à cheval.

Le 16 germinal an IV, il donna sa démission et quitta l’armée ; mais Bona-

LAW En 1808, il accompagna Napoléon à la conférence d’Erfurth, fut cr.éé comte de l’Empire, et suivit l’Empereur à Madrid. 11 contribua à la prise de cette ville. De retour en Allemagne en 1809, il passa à l’armée d’Italie. 11 prit une part active aux batailles de Raab et Wa-gram, où il commandait l’artillerie de la Garde. A Wagram, notre gauche était débordée par suite d’une faute énorme commise par l’ennemi, le général comte de Lauriston, à la tète d’une batterie de 100 pièces d’artillerie, marcha au trot à l’ennemi et porta la mort dans ses rangs. L’Empereur lui donna le grand cordon de la Couronne de Fer.

Après la paix de Presbourg, Lauriston se rendit à Vienne, quitta un moment cette ville pour remplir une mission en Hollande, et s’y trouvait de retour lorsr-que le prince de Neufchatel y arriva avec le titre d’ambassadeur pour épouser, au nom de l’Empereur, l’archiduchesse Marie-Louise. Il remplit auprès de cette princesse les fonctions de colonel géné-,ral de la Garde impériale, et l’accompagna en France. Il fut encore chargé d’aller chercher à Harlem et de ramener en France les enfants de Louis-Napoléon, qui venait d’abdiquer la couronne de Hollande. Le S février 1811, Napoléon nomma Lauriston son ambassadeur en Russie. Il devait demander à Alexandre l’occupation des ports de Riga et de Re-vel, et l’exclusion des vaisseaux anglais de la Baltique. Ce fut lui qui, après la prise de Moscou, conclut un armistice avec Kutusoff. Il commanda l’arrière-garde dans la retraite, et montra dans ces circonstances difficiles les talents d’un général consommé. Arrivé à Mag-debourg, il y organisa le 5e corps de la grande armée, à la tête duquel il assista aux batailles de Lutzen, de Bautzen_et de Wurtzchen. Il emporta-de vive force le village de Weissig-, culbuta le corps