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LHE


Les deux bâtiments évoluèrent pour se prendre par leur faible ; le nôtre, plus habile, plus prompt dans ses manœuvres, parvint à envoyer en poupe à son adversaire plusieurs volées d’enfilade qui mirent le désordre à son bord. L’Hermitte saisit ce moment de confusion pour tenter l’abordage ; mais l’ennemi, prévenant cette résolution de terrasser le nombre par le courage,- se sauva sous toutes voiles. La frégate donna à son tour la chasse au vaisseau ; elle le mena à coups de canon presque dans la rade du cap de Bonne-Espérance.

Affaiblie par les deux combats qu’elle venait de soutenir, avariée par le temps, transpercée de boulets, faisant beaucoup d’eau, la Preneuse reprit la route de l’Ile-de-France. Le scorbut sévissait à son bord ; elle était à tout égard hors d’état de tenir la mer plus longtemps. En vue des pics de l’Ile-de-France, un vaisseau anglais apparut sous le vent de la voile française. La frégate changea son sillage pour éviter l’ennemi qui n’osa la poursuivre ; mais aux attérages, quand elle se croyait hors de tout danger, un autre vaisseau se trouva encore sur sa route, et celui-ci paraissait décidé à lui disputer le passage. Elle veut gagner un mouillage protégé par le canon de la côte. Parvenue à la baie du Tombeau, célèbre par le naufrage de la Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, une suite de vents brusques et violents, saisissant la Preneuse, la jette sur un récif de corail au moment où elle allait échapper à la poursuite de l’ennemi. Les deux vaisseaux arrivent alors sur elle et l’écrasent de leurs bordées. L’Hermitte, voyant sa perte inévitable, fait débarquer ses nombreux blessés, ses malades plus nombreux encore, puis son équipage. Resté à bord avec son état-major et quelques hommes de sa maistrance qui ne voulurent point le quitter, il fit II.

saborder sa frégate, et c’est seulement lorsqu’il la vit hors d’état de pouvoir être relevée qu’il amena son pavillon. Il fut conduit avec ses officiers sur le vaisseau l’Adaman, commandé par le com-modore Hotham, où on le reçut avec tous les égards dus au courage malheureux. Le lendemain de ce funeste jour, le brave état-major de la Preneuse fut mis en liberté sur parole, à la demande du gouverneur de l’Ile-de-France. L’arrivée de L’Hermitte dans cette colonie fut un véritable triomphe ; il se vit accueilli à son débarquement par une foule enthousiaste qui voulait le porter sur un brancard de lauriers jusqu’à l’hôtel du gouverneur, pendant qu’un salut de quinze coups de canon se joignait aux acclamations publiques pour rendre hommage à sa valeur.

L’Hermitte ne tarda pas à êtreéchangé ; il rentra en France dans le courant d’octobre 1801. Le premier Consul, qui connaissait ses hauts faits, le manda.aux Tuileries pour lui donner de vive voix le témoignage de son estime, et lui remettre de sa main le brevet de capitaine de vaisseau de première classe.

En 1802 L’Hermitte alla prendre à Lorient le commandement du vaisseau le Brutus, qu’il conduisit à Brest. Il passa ensuite au commandement du vaisseau l’Alexandre, puis à celui du trois ponts le Vengeur, sur lequel l’amiral Truguet avait son pavillon.

En 1805, il commandait une division chargée d’une croisière sur les côtes d’Irlande, des Açores, de la côte d’Afrique, et enfin sous la ligne, se rendit de là aux Antilles, où il se signala par un grand nombre de captures. Il rentra à Brest le 2 octobre 1806, après avoir échappé à la chasse de quatre vaisseaux anglais.

Pendant cette croisière, L’Hermitte prit 50 bâtiments de guerre ou de commerce,