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troupes, pour armer les batteries de la rade. Le 16, à huit heures du matin, la canonnade a commencé contre les six vaisseaux anglais, qui n’ont pas tardé à venir s’embosser à portée de fusil des vaisseaux français. Le combat s’est alors chaudement engagé. Les deux escadres paraissaient également animées de la résolution de vaincre. Si l’escadre française avait quelque avantage par sa position, l’escadre anglaise était d’une force double, et avait plusieurs vaisseaux de quatre-vingt-dix. Déjà le vaisseau anglais l’Annibal était parvenu à se placer entre l’escadre française et la terre. Il était onze heures et demie : c’était le moment décisif. Depuis deux heures le Formidable, que montait le contre-amiral Linois, tenait tête à trois vaisseaux anglais. Un des vaisseaux de l’escadre anglaise qui était embossé vis-à-vis d’un des vaisseaux français, y ramena son pavillon à onze heures trois quarts. Un instant après, l’Annibal, exposé au feu des batteries des trois vaisseaux français qui tiraient des deux bords, amena aussi le sien. A midi et demi, l’escadre anglaise coupa ses câbles et gagna le large. Le vaisseau l’Annibal a été amariné par le Formidable. Sur 600 hommes d’équipage, 300 ont été tués. Le premier vaisseau anglais qui avait amené son pavillon a été dégagé par une grande quantité de chaloupes canonnières et autres embarcations envoyées de Gibraltar. Le combat couvre de gloire l’armée française, et atteste ce qu’elle peut faire. Le contre-amiral Linois doit être à Cadix avec l’Annibal pour le réparer".

Le 9 thermidor, le chef du gouvernement donnait à l’amiral Linois un témoignage officiel de la satisfaction de la République par l’arrêté suivant :

BREVET D’HONNEUR.

« Bonaparte, premier Consul, considérant que le contre-amiral Linois a si habilement fait usage des moyens militaires et maritimes qui étaient à sa disposition et qu’il a déployé tant de courage que, malgré l’inégalité de ses forces, il ne s’est pas borné à une défense glorieuse, mais qu’il est parvenu à désemparer entièrement l’escadre anglaise, à contraindre deux vaisseaux de soixante-quatorze d’amener leur pavillon et à s’emparer du vaisseau l’Annibal ; voulant récompenser un fait de guerre aussi honorable pour les armes de la République que pour l’officier général à qui le commandement de la division était confié, décerne, à titre de récompense nationale, au contre-amiral Linois un sabre d’honneur. »

Cependant, l’amiral anglais se prépaparait à venir demander compte de sa défaite : Dès le d9 messidor, il sortait de nouveau de Gibraltar pour reprendre son poste d’observation. Parti le même jour de Cadix, don Juan de Moreno amenait à l’amiral français cinq vaisseaux, trois frégates et un brick.

L’engagement eut lieu le 23 : Deux vaisseaux espagnols, trompés par l’obscurité, se battirent avec acharnement, prirent feu et sautèrent ensemble. Le vaisseau français le Saint-Antoine, de 74 canons, amena son pavillon ; mais le Formidable, aux prises avec trois vaisseaux et une frégate anglaise, resta maître du champ de bataille. Ce beau combat sauva l’honneur du pavillon français.

A la fin de l’année 1801, Linois sortit de Cadix avec trois vaisseaux et trois frégates : ces bâtiments portaient 1,800 hommes pour Saint-Domingue. Après deux mois de séjour dans la colonie, il opéra son retour à Brest avec l’escadre de l’amiral Villaret.

Après avoir signé, du pommeau de son épée, le mémorable traité d’Amiens, un des premiers soins de Napoléon fut d’envoyer dans l’Inde une expédition qui pût mettre à profit le temps de sa courte