Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/437

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de Pasturana et faisait des prodiges de valeur ; mais, accablé par le nombre, il tomba ; couvert de blessures, au pouvoir de l’ennemi.

Ce ne fut qu’en l’an IX que les Russes le rendirent à la France. Le vainqueur de Marengo accueillit l’intrépide et malheureux soldat de Novi ; mais, âgé déjà de quarante-sept ans, Pérignon ne pouvait pas prendre place dans ce cortège de jeunes capitaines qui se pressaient au tour du jeune héros.

Le 26 ventôse an IX, le sénat conservateur recevait le message suivant :

« Le premier Consul, en exécution de l’article \k de la Constitution, vous présente comme candidat à la place vacante au Sénat, le général Pérignon, qui a signé le traité d’alliance conclu le 26 fructidor an IV entre Ja France et l’Espagne. »

Et le Sénat répondait à ce message par l’arrêté suivant :

Extrait des registres du Sénat conservateur. 8 germinal an IX.

Vu le message du Corps législatif, du 24 ventôse dernier, par lequel il présente le citoyen Grégoire, l’un de ses membres, comme candidat pour une place vacante du Sénat conservateur ;

« Vu pareillement le message du premier Consul, du 26 du même mois, par lequel il présente pour la même place le général Pérignon ;

« Vu enfin le message du Tribunat du 28 ventôse, contenant présentation, pour la même place, du citoyen Démeuniers (-1) l’un de ses membres ;

« Le Sénat, réuni au nombre des membres prescrits par l’article 90 de la (Constitution, procède, en exécution de l’article 16, au choix d’un sénateur en-

(1) C’est donc à tort que tous les biographes ont présenté Pérignon comme le successeur de xOétneuniers au Sénat conservateur.

tre les trois candidats qui ont partagé le vœu des autorités présentantes ;

o La majorité absolue des suffrages recueillis au scrutin individuel se fixe sur le citoyen Pérignon, général de division ;

« Il est proclamé par le président membre du Sénat conservateur.

« Le Sénat arrête que cette nomination sera notifiée, par un message du Corps législatif, au Tribunat et aux consuls de la République. »

Tiré de l’armée active, Pérignon rentrait ainsi dans la carrière législative par la première magistrature de la République. Le premier Consul le jugeait déjà trop mûr pour le champ de bataille. On peut marquer ici, avec vérité, le terme de sa, vie militaire. Lorsque le chef de l’État lui rendit l’épée du commandant, ce fut plutôt pour un service dex représentation que d’activité. Le traité du 26 fructidor an IV avait laissé de l’incertitude relativement aux limites de la France et de l’Espagne du côté des Pyrénées ; Pérignon, qui avait signé ce traité, reçut, le 24 fructidor an X, la mission de régler ces difficultés, en qualité de commissaire extraordinaire.

Président du collège électoral de la Haute-Garonne le 19 ventôse an XII, le 16 floréal suivant il présentait au premier Consul une députation du collège, et terminait ainsi son discours à celui que dix jours plus tard le Sénat allait saluer du titre d’Empereur.

« O Napoléon ! lorsque le monde reste dans le silence de l’admiration en présence de votre renommée, les trente-cinq millions de Français pourraient-ils ne pas consacrer cette si grande prédilection dont le ciel les a favorisés en vous plaçant à leur tête ! Qu’ils vous portent sur le pavois entouré de tous les attributs dignes d’eux et de vous ; qu’en même ternes toute votre famille y soit portée,