Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/583

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cette désastreuse retraite, le duc de Bellune ne cessa de donner des preuves de courage, de sang-froid et de dévouement. Revenu en France avec les débris de nos glorieuses phalanges, le duc de Bellune fut nommé commandant en chef du 2e corps de l’armée d’Allemagne le 12 mars 1813. Il combattit vaillamment à Lutzen, à Wachau, où il repoussa jusqu’à six fois les attaques opiniâtres des troupes ennemies, et à Leipzig où il se couvrit de gloire. Après cette campagne, il prit le commandement d’un corps destiné à protéger les frontières de l’Est contre l’invasion étrangère ; mais, trop faible pour s’opposer efficacement aux masses qui se présentaient, il dut se replier successivement sur la Moselle, sur la Meuse, sur l’Ornain et sur la Marne. Il coopéra de tous ses moyens aux succès de la journée de Brienne, le 29 janvier 1814, et commanda le centre de l’armée, le 1er février suivant, à la bataille de la Rothière, où 36.000 Français luttèrent avec courage contre 106.000 hommes de l’armée de Silésie.

Le 17 février, à Marmont, il mit en déroute le corps du comte Pahlen, et battit le général bavarois Lamotte, près de Valjouan. Il fit dans cette journée 3.000 prisonniers et enleva 16 pièces de canon. Dans sa marche sur Montereau, il s’arrêta à Salins (Seine-et-Marne) pour y prendre quelques heures de repos, et ce retard fit manquer, dit-on, l’occupation des ponts, et lui attira de vifs reproches de la part de l’Empereur. L’amour-propre du maréchal en fut profondément blessé, et on prétend que c’est à ce motif seul que sont dus l’empressement qu’il mit à accueillir les Bourbons et la conduite étrange qu’il tint plus tard envers son bienfaiteur. Le 7 mars à la bataille de Craonne, il fut atteint d’un coup de feu qui le mit hors de combat.

Après l’abdication de l’Empereur, le duc de Bellune fut nommé chevalier de Saint-Louis, le 2 juin 1814, et Louis XVIII lui confia le gouvernement de la 2e division militaire le 6 décembre de la même année. — Lors de la rentrée en France de l’Empereur, ce maréchal se rendit dans son gouvernement, et, le 10 mars 1813, il était à Sedan où il publia l’ordre du jour suivant2 : « L’ordonnance du roi et la proclamation de Sa Majesté du 6 de ce mois annoncent aux Français le nouvel attentat de Bonaparte à la paix et au bonheur dont ils jouissent sous le gouvernement paternel de leur souverain légitime et justement chéri ; mais elles annoncent en même temps le châtiment prochain de ce nouveau crime. Déjà nos troupes sont à la poursuite de son auteur, et tout fait espérer qu’il touche au terme de sa funeste existence. Cependant si cette espérance était un instant déçue, si les desseins perfides de Bonaparte trouvaient des partisans assez nombreux pour en seconder l’exécution, quel est l’homme d’honneur qui hésiterait à les combattre ? Tous les Français sont donc prêts, s’il le faut, à repousser leur ennemi : car c’est l’homme qui a tyrannisé, désolé et trahi la France pendant douze ans qu’il faudrait poursuivre, ainsi que les satellites qui l’assisteraient dans ses brigandages ; c’est l’honneur national, le roi, la charte constitutionnelle, la patrie enfin qu’il faudrait défendre. Soldats, vos sentiments me sont connus, et si nous sommes appelés à concourir à la destruction des factieux, nous remplirons nos devoirs, nos serments, et notre auguste et bon roi sera satisfait. Au quartier-général, à Sedan, le 10 mars 1815. Signé, LE MARÉCHAL DUC DE BELLUNE. »

Le maréchal partit ensuite pour Châlons-sur-Marne, où il arriva le 16 ; de là il se dirigea sur Paris où il passa les journées des 17 et 18, et c’est de là qu’il adressa,