Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pendant son séjour dans cette ville, qui se prolongea jusqu’au 26 août, il pourvut avec la plus grande activité à la reconstruction d’un pont enlevé par les /glaces, à l’approvisionnement des magasins de subsistances et à l’organisation des hôpitaux. Il eut dans le même temps l’occasion de faire preuve de son courage et de son dévouement. Le 7 août, une prolonge remplie de poudre, et placée sur un bateau, éclata dans le voisinage d’un magasin qui en contenait 500 milliers. Jordy, malgré ses-infirmités, s’élança sur le toit, et, avec l’aide du caporal de sapeurs Roux, il précipita les décombres enflammées dans la rivière et préserva ainsi la ville de Thorn d’une entière destruction.

La paix qui suivit la-bataille de.Fried-land l’ayant fait quitter Thorn, il fut investi du commandement d’armes de Mayence, le 22 octobre, et reprit, le 18 novembre, celui de Landau. Créé chevalier de l’Empire en 1807, un décret du 1er juin 1812 le nomma commandant du département du Léman et de la place de Genève, avec l’inspection générale pour les retraites et les réformes. Un second décret du 28 novembre 1813 lui donna le commandement supérieur de la ville. Bientôt après, assiégé par 20,000 hommes des troupes alliées,. Jordy, qui n’avait pas 100 hommes en état de leur-être opposés, se rendit à la première sommation.

Revenu en France immédiatement après, une attaque d’apoplexie lui ôta l’usage des deux jambes ; il demanda donc sa retraite. Louis XVIII le- fit chevalier de Saint-Louis le 2 octobre 1814, et il reçut ensuite du roi de Bavière l’ordre de Maximilien-Joseph. Il mourut le 7 juin 1825.

JOUBERT (BARTHELEMI-CATHERINE)

né à Pont-de-Vaux le 14 avril 1769. A 15 ans, il s’évada du collège, s’enrôla comme volontaire en 1791 dans un régiment de canonniers, passa par tous les grades, et fut nommé successivement adjudant-général, chef de bataillon, général de bri-" gade en 1793 sur le champ de bataille de Loano.

La célèbre campagne de 1796 et 1797 lui valut une grande renommée. Partout, à Môntenotte, Millésimo, Ceva, Mondovi, Cherasco, Lodi, au col de Campione, à Compara, à Montebaldo, à Rivoli, il seconda avec une intrépidité et un discernement rares le général Bonaparte, qui lui fit donner le titre de général de division et se fit accompagner de lui quand il présenta au Directoire le traité de Campo-Formio.

Peu après, Joubert fut envoyé comme, général en chef à l’armée de Hollande, puis à celle de Mayence, et enfin à celle d’Italie. Il y arriva à la fin de 1798 et opéra la révolution du Piémont, machinée depuis longtemps. Il se porta ensuite sur Livourne ; puis, las de se voir contrarié dans ses opérations par le gouvernement, il donna sa démission et revint à Paris. Au 30 prairial, Barras et Sièyes jetèrent les yeux sur lui pour commander dans Paris et agir au besoin conlre les démocrates ; mais comme il ne jouissait pas encore d’une grande popularité, on voulut lui fournir l’occasion de remporter quelque victoire importante et on le nomma à cet effet général en chef. Mo-reau consentit à être son lieutenant. Joubert franchit les montagnes du Mont-ferrat, opéra sa jonction avec l’armée de Naples et se disposa à livrer bataille dans les plaines de Novi, mais il avait commis une faute grave. Nommé le 17 messidor, au lieu de se rendre à son poste immédiatement, il avait perdu un mois à se marier avec une jeune femme qu’il aimait. C’était la fille du sénateur Sémonville, mariée depuis au maréchal Macdonald.