Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/95

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de l’armée de Rhin-et-Moselle, il se porta sur Steinback, dont le pont avait été coupé, franchit le torrent en marchant sur des pierres, surprit les Autrichiens et les mit en pleine déroute. Il prit ensuite Haslack, que l’ennemi lui disputa de rue en rue, et enleva à la baïonnette la redoute du pont de cette ville. Poursuivant le cours de ses succès, il défit, près de Horneberg, un corps autrichien, traversa les montagnes voisines d ! Elrack, en faisant transporter ses canons sur les épaules de ses soldats, et assura à l’armée française les débouchés de la forêt Noire en occupant Willingen. Rendant compte à Férino de ces divers mouvements, celui-ci lui répondit : « Doucement, doucement, mon cher général, n’allez pas à Vienne avant nous. » Jordy servit avec non moins de distinction jusqu’à la fin de la campagne ; le 6 messidor^ il chassa l’ennemi de Donaueschingen, prit, le 15, la ville de Moerskich, concourut, avec le général Abattucci, à effectuer, le 15, le passage de la Kamlach, et, le 7 fructidor, celui du Lech. Le 17 fructidor, il appuya l’attaque du général Gouvion-Saint-Cyr sur Fressihgèn, força, le 21, la ville de Moosbourg à capituler, et soutint la retraite de Moreau. Les fatigues que lui fit éprouver une marche aussi pénible ayant rouvert une blessure qu’il avait reçue à la poitrine, on le transporta à Neufbrisach, dont il eut le commandement après sa guérison.

Appelé à Strasbourg, le 26 germinal an V, pour prendre le commandement de l’une des colonnes de l’armée, il eut la cuisse fracassée d’un-coup de mitraille et la première tablette de l’os frontal fracturée d’une balle, le 1er floréal, au passage du Rhin à Diersheim. Entouré d’ennemis qui, pour le jeter à bas de son cheval, le frappaient du canon de leurs fusils, il se défendit en désespéré, et il eût infailliblement succombé si quelques grenadiers de la 10e demi-brigade ne l’eussent secouru. Moreau, Vf rs la fin de cette célèbre journée, le manda près de lui, lui prodigua les éloges les plus flatteurs, et le fit panser en sa présence. De son côté, le Directoire lui adressa ses félicitations le 14 pluviôse et lui décerna un sabre d’honneur, qu’Augereau lui remit à Strasbourg, au mois de nivôse an VI.

Le 8 ventôse, le général ’Sainte-Suzanne lui donna le commandement de toutes les places fortes du département du Haut-Rhin ; mais ayant été chargé presque dans le même moment de celui de l’avant-garde de l’armée en Helvétie, il ne remplit cette mission que d’une manière incomplète. Épuisé par les fatigues de cette dernière campagne, et affaibli par ses nombreuses blessures, il demanda un « mploi sédentaire, et obtint, le 5 prairial, le commandement de la place de Strasbourg, qu’il fut forcé de résigner quelque temps après, n’ayant pas voulu accepter le grade de général de division.

Le premier Consul l’envoya commander la place de Landau le 21 nivôse an IX. Membre et officier de la Légion-d’Honneur les 19 frimaire et 25 prairial an XII, l’Empereur lui confia, le 11 octobre 1806, le commandement supérieur de la tête de pont de Cassel, devant Mayence, et des troupes cantonnées sur la rive droite du Rhin. Il devait en outre surveiller les travaux de fortifications. Le 27 novembre suivant, le maréchal duc de Valmy le chargea de conduire au grand quartier général, alors à Berlin, 5,000 hommes de toutes armes. Obligé de pousser jusqu’à Varsovie, où se trouvai’ l’Empereur, il grossit sa troupe de tous les militaires restés sur les derrières de l’armée, et reçut à cet égard les remer-cîments de Napoléon, qui le nomma commandant supérieur de Thorn le 9 janvier 1807.