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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/152

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— Voyons, Dipanon, montrons-nous un peu plus faciles, en affaires !., dit-il, et il fit venir un commis du bureau. Nous ne solderons que cela. Que diantre ? Son compte sera bien approuvé !

Après le départ du Prince-Régent, Dipanon qui s’attachait à suivre le Bulletin des Lois à la lettre, s’approcha de Havelaar et lui dit :

— Mais, monsieur, cela n’est pas permis ! Le compte du collecteur est à la vérification, à Serang… et s’il allait y manquer quelque chose !

— Eh bien ! Je l’ajouterais ! répliqua Havelaar. Dipanon ne savait à quoi attribuer cette grande complaisance pour le percepteur des contributions. Le commis revint avec un bordereau préparé, Havelaar le signa, ajoutant qu’il désirait qu’on s’empressât d’effectuer ce versement.

— Dipanon, je vais vous dire pourquoi : le Prince-Régent n’a pas un sou, chez lui. C’est son secrétaire qui me l’a dit. Cette brusque demande me l’aurait appris. Il a besoin de cet argent, et le collecteur peut bien le lui avancer. Une fois, par hasard, je préfère enfreindre le règlement, et prendre la responsabilité de cette infraction, à laisser dans l’embarras un homme de son âge et de son rang. Autre chose Dipanon ! Il se fait à Lebac, un abus de pouvoir abominable. Savez-vous cela, mon ami ? Vous devez le savoir !

Dipanon ne soufflait pas mot.

— Je le sais, moi ! continua Havelaar. Je le sais ! Monsieur Sloterin n’est-il pas décédé en Novembre ? Eh bien ! Le lendemain de sa mort, le Prince-Régent a convoqué du monde pour labourer ses champs de riz… et cela, sans rétribution aucune. Vous auriez dû savoir cela ? Le saviez-vous ?