Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/160

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— Approuve !… Approuve !… non ! Mais, il n’est pas agréable de porter plainte contre un chef !

— Je n’aime porter plainte contre qui que ce soit ; mais lorsqu’il le faudra je porterai plainte contre un chef aussi bien que contre un autre. Mais nous n’en sommes pas là. Il n’en est pas question ! Dieu merci ! Demain j’irai voir le Prince-Régent. Je lui exposerai tout ce qu’il y a de mauvais dans l’emploi illégitime du pouvoir, surtout quand on s’en sert pour dépouiller les pauvres. Mais, en attendant que tout rentre dans l’ordre, je l’aiderai autant que je le pourrai, à sortir de sa situation pénible. Maintenant, vous comprenez bien pourquoi j’ai fait avancer ce paiement, n’est-ce pas, mon ami ? J’ai même l’intention de demander au Gouvernement de vouloir bien tenir le Prince-Régent quitte de cette avance. Quant à vous, Dipanon, je vous demande de vous unir à moi, en remplissant exactement votre emploi. Agissez comme moi, avec douceur aussi longtemps que ce sera possible, mais sans crainte et sans faiblesse, dès qu’il le faudra. Vous êtes un homme honnête, je le sais… mais, craintif et timoré. Dites, désormais, les choses telles qu’elles seront… et advienne que pourra. Plus de demi-mesures. Soyez tout d’une pièce, mon bon Dipanon… et cela dit, restez à dîner avec nous. Nous avons une conserve de chou-fleur hollandais… je ne vous dis que ça… Tout le reste est d’une simplicité primitive. Je possède un budget fort obéré… les voyages en Europe coûtent les yeux de la tête… vous savez, et il me faut vivre économiquement ! — Max, viens, mon garçon !… Sapristi, mon fils, que tu deviens lourd !

Et ce disant, avec Max à cheval sur son épaule, Havelaar accompagné de Dipanon, pénétra dans la