Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/188

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elle pas déjà assez imprégnée de tout ce qui avait rapport à Lebac, pour qu’il pût réfléchir qu’il ne s’y trouvait que depuis vingt-quatre heures ? Tine comprenait bien cela ! Elle comprenait toujours son Max.

— Ah ! Oui ! C’est vrai ; s’écria-t-il ; c’est égal, il faudra tout de même que tu lises quelque chose de Liebig ? Dipanon, avez-vous lu Liebig ?

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Dipanon.

— C’est un homme qui a beaucoup écrit sur l’art de confire les cornichons. Il a aussi trouvé le moyen de changer l’herbe en laine. Comprenez-vous ?

— Pas du tout ! firent à la fois Dipanon et Declari.

— Le fait par lui-même était déjà connu. Envoyez un mouton dans la prairie… et vous verrez. Seulement il a recherché les causes de cette transformation. Il y en a, qui, de leur côté, prétendent qu’il n’en sait pas le premier mot. À présent on s’occupe de trouver le moyen de se passer du mouton, dans cette opération… Ah ! les savants !… Molière s’y connaissait… J’aime beaucoup Molière. Si vous voulez, le soir, nous aurons des séances de lecture mutuelle. Tine en fera partie aussi, mais quand le petit Max sera au lit.

Declari et Dipanon applaudirent des deux mains. Havelaar ajouta qu’il n’avait pas beaucoup de livres, mais il avait tout de même Lamartine, Thiers, Say, Malthus, Scialoja, Schiller, Gœthe, Henri Heine, Vondel, Smith, Shakspeare, Byron… Dipanon fit observer qu’il ne lisait pas l’anglais.

— Vous avez pourtant plus de trente ans ! À quoi, diantre, avez-vous employé tout votre temps ? Cela a dû bien vous gêner à Padang, où l’on parle tant anglais. Avez-vous connu une anglaise, nommée miss Œil-de-feu ?