Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/192

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de sa Marseillaise, qu’elle vous chante avec ses pieds ; ou bien encore, c’est le murmure du saule sur la tombe de l’amour qu’elle vient de célébrer, dans ses entrechats et dans ses jetés-battus. En somme, les spectateurs ne prennent-ils pas ce sourire stéréotypé, et ce point d’arrêt pour le point culminant de la soirée, eux, qui — comme nous tous, — basent plus ou moins leur goût et leur approbation sur l’usage et sur l’habitude. La preuve de ce que j’avance là, en est dans leurs applaudissements forcenés, qui éclatent à ce moment, et rien qu’à ce moment. N’ont-ils pas l’air de s’écrier :

» Tout ce qui précédait était bien beau, aussi ; mais à cette pirouette finale, je ne puis plus contenir mon admiration ! » Vous prétendiez, mon bon Dipanon, que cette dernière pose était d’une laideur absolue ! — moi, aussi ; — eh bien ! d’où cela vient-il ? Tout juste, de ce qu’il y a cessation de mouvement : là finit le récit de la danseuse. Croyez-moi ; l’immobilité, c’est la mort !

— Mais, objecta Declari, vous chassez du cercle du beau, les cascades… Pourtant les cascades se meuvent.

— Oui, mais elles manquent d’histoire. Elles se meuvent, comme un cheval de bois, moins le va et le vient, encore ! Elles produisent un son, mais elles ne parlent pas ! Elles crient : hrrroe… hrrroe… hrrroe… et jamais autre chose ! Criez un peu pendant plus de six mille ans : hrrroe… hrrroe, et dites moi le nom de la personne qui vous remerciera du plaisir que vous lui causez ?

— Je ne l’essaierai pas ; répliqua Declari, mais je ne suis pas encore de votre avis. Ce mouvement exigé par vous, est-il donc si nécessaire ? Je vous abandonne les cascades ; mais un bon et beau tableau