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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/194

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ne se trouve pas la cause de votre chute. Si ce pied s’est cassé, c’est parce que vous êtes tombé. Devant tout autre ouverture, fenêtre, œil de bœuf ou jour de souffrance vous seriez resté, solide, sur cette chaise, une année durant ; mais, en l’occurrence présente, vous deviez fatalement tomber, même si cette chaise avait été pourvue de treize pieds, vous seriez tombé, oui, tombé, même en ayant vos deux jambes arc-boutées sur le sol !…

— Allons ! Dit gaîment Declari ! J’en prends mon parti. Vous vous êtes mis en tête de me jeter, coûte que coûte, les quatre fers en l’air. Me voilà, donc, par terre, étendu tout de mon long… mais, si je sais pourquoi, par exemple !…

— Mon ami, c’est pourtant bien simple. Une fois grimpé sur votre piédestal, vous avez regardé à travers l’ouverture, et qu’avez-vous vu ? Une femme vêtue de noir, agenouillée devant un billot. Elle courbait la tête ; son cou, blanc comme la neige, se détachait de la draperie de velours noir. Un homme, debout, sa longue et lourde hache à la main, fixait les yeux sur ce cou si blanc… Il cherchait, dans sa pensée, la courbe rapide que sa hache allait décrire pour passer… là… à travers ces vertèbres délicates… pour y passer avec force et précision… et alors… ma foi, alors vous êtes tombé !… Vous êtes tombé, parce que vous avez vu tout cela, et c’est à cause de cela que vous vous êtes écrié : ô mon Dieu ! À cause de cela seulement, et non par ce qu’il manquait un pied à votre chaise.

Et bien longtemps après votre sortie de Fotheringay, une fois libre grâce à l’intercession d’un vôtre cousin, ou grâce à l’ennui que vos persécuteurs ressentaient de vous y nourrir, toute votre vie, comme