Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liquide dévasta les champs ; puis il tomba sur un rocher, mais le rocher ne recula, ni ne céda, d’un pouce.

Alors il entra en fureur de nouveau, parce que le rocher ne lui cédait pas, et qu’il arrêtait la force de son courant. Et il n’était ni content, ni heureux.

Il s’écria :

— Ce rocher est plus fort que moi ; je voudrais être rocher.

Et l’ange redescendit, lui disant :

— Qu’il soit fait selon votre désir.

Il devint rocher, et ne broncha plus, bravant les rayons du soleil, et les torrents de pluie.

Mais, un homme vint, muni d’un pic, et d’un ciseau pointu, ainsi que d’un lourd marteau, et il se mit à tailler les pierres du rocher.

Et le rocher s’écria :

— Quoi ! Cet homme est plus puissant que moi ! Il arrache, il taille, il brise tout en moi, et autour de moi, il met mon corps en morceaux !

Et il n’était ni content, ni heureux ! Enfin, il s’écria :

— Je suis plus faible que cet homme… je voudrais être lui.

L’ange redescendit du ciel, et lui répondit :

— Qu’il soit fait selon votre désir ? Et il redevint tailleur de pierres.

Et il tailla la pierre du rocher, à l’aide d’un rude travail, et il ne reçut qu’un mince salaire pour prix de ses efforts.

Et il fut content et heureux !

— C’est très gentil ce conte là, dit Declari, mais, cela n’empêche pas qu’il faut nous prouver que cette petite Oepi était impondérable.