Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/222

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Supposons la perfection, à zéro ; et descendons le mal au centième degré ; oui, supposons le mal à cent. Sommes-nous logiques, nous qui flottons entre le quatre vingt dix huitième, et le quatre vingt dix neuvième degré, en criant : haro ! sur un malheureux, qui touche au cent-unième degré !… Et, je crois, Dieu me pardonne, que bien peu atteignent le numéro cent, faute des qualités nécessaires pour y arriver, la faiblesse humaine n’étant jamais entièrement ce qu’elle doit être, dans le mal comme dans le bien.

— À quel degré suis-je, moi, Max ?

— Tine, il me faudrait une loupe pour subdiviser les catégories.

— Tout cela est bel et bon ! s’écria Dipanon ; mais, moi, je réclame… non pas, madame, contre votre proximité du zéro… Non, certes ; mais, il y a des fonctionnaires suspendus ; il y a un enfant perdu ; il y a un général en état d’accusation ; je demande la fin de l’histoire.

— Ma chère Tine, une autre fois, tu voudras bien avoir soin qu’il ne manque plus rien ici ! Non, mon ami, vous n’aurez pas la fin de mon histoire, avant de m’avoir laissé enfourcher tout à mon aise mon dada sur les antithèses. Je soutenais donc que tout homme voit un concurrent dans son prochain. On ne peut pas toujours le blâmer et le décrier ! Cela sauterait aux yeux de tout le monde ! C’est pourquoi nous exaltons une qualité, et nous l’exaltons de la façon la plus exagérée, dans le but de faire ressortir clairement un défaut qui nous tient au cœur ; et nous faisons cette perfidie, sans avoir l’air d’y toucher. Un individu me reproche-t-il d’avoir dit : » Sa fille est très jolie, mais,