Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/240

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Réfléchissant que je venais de recevoir tout récemment, chez moi, la visite du Gouverneur, — je vous dirai tout-à-l’heure à quel propos, — me rappelant, que, pendant son séjour, il s’était passé dans mon district, et même dans ma maison certains événements, qui n’avaient pu que me faire bien venir de lui, je pris cette nomination pour une faveur, et je partis gaîment de Natal pour aller à Padang.

Je fis le voyage sur un navire français, le Baobab, de Marseille, qui avait pris une cargaison de poivre à Atchin, et qui s’était naturellement arrêté à Natal, pour faire de l’eau douce, dont il manquait.

Dès mon arrivée à Padang, avant de partir pour l’intérieur, je m’empressai d’aller présenter mes devoirs au Gouverneur ; mais il me fit répondre qu’il ne pouvait me recevoir, et qu’en même temps mon départ pour ma nouvelle destination était remis jusqu’à nouvel ordre.

Vous comprenez ma stupéfaction ; elle était d’autant plus grande, que le Gouverneur, lors de sa visite à Natal, m’avait quitté dans une disposition d’esprit plus que favorable. Je m’imaginais être au mieux dans ses papiers.

Je connaissais peu de monde à Padang ; mais le peu de relations que j’avais me suffit pour comprendre, pour m’apercevoir que le général était très irrité contre moi.

Il ne me fut pas difficile, même, de m’en apercevoir. Dans un avant-poste, comme Padang, la bienveillance générale se mesure à la faveur dont on jouit chez le Gouverneur. Or, je sentais bien qu’un orage se préparait sur ma tête ! Mais ? d’où le vent devait-il souffler ? Là, était la question.

Ayant besoin d’argent, je m’adressai à droite et