Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venait de lui surgir sur l’objet de son travail, et d’entendre Tine, elle, qui ne savait pas ce dont il s’agissait, saisir son intention au vol et lui répondre avec une sagacité extraordinaire sans avoir besoin d’un éclaircissement qu’il aurait pu lui donner avec facilité, lui, qui était pénétré de son sujet.

Souvent aussi, qu’il fût mécontent de son travail, ou froissé par une mauvaise nouvelle, reçue à l’instant même, il sautait à bas de son fauteuil, allait à elle, et il lui lançait un coup de boutoir complètement injuste ; et Tine, qui pourtant, n’était pour rien dans sa mauvaise humeur, se plaisait à essuyer le premier feu de sa colère, parce que cela lui prouvait une fois de plus que Max la confondait avec lui-même.

Et jamais, en vérité, à la suite de ces algarades imméritées, autant qu’irraisonnées, il ne fut question de repentir de la part de Max, ni de pardon de la part de Tine.

Il leur eût semblé voir un homme se demander pardon à lui-même de s’être donné un grand coup de poing sûr la tête.

Elle le connaissait si bien, qu’elle devinait l’instant où elle devait arriver près de lui pour lui procurer une minute de repos, ou pour lui donner un bon conseil ; elle sentait également bien le moment où elle devait le laisser seul.

Un matin que Havelaar était assis dans cette pièce, le contrôleur y entra, tenant à la main une lettre qu’il venait de recevoir :

— C’est une affaire difficile, que celle-là ! dit-il en arrivant, une affaire très difficile !

Quand j’aurai appris au lecteur que cette lettre contenait tout simplement l’ordre de demander à